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La Suisse, pays merveilleux comptant diverses spécialités allant du fromage à la neutralité, en passant par Giger ou encore Henri Dès, possède également une place bien au chaud du côté du Metal noir, notamment depuis l’ascension de Celtic Frost (anciennement Hellhammer, mais ça, tu le sais déjà).
Bon, après une intro pareille, j’ai interêt à faire attention.
Il est vrai que la Suisse compte bon nombre de groupes qualitatifs qui s’évertuent à produire d’excellents albums en matière de Metal noir industriel (citons bien évidement Darkspace, fers de lance de la scène, mais aussi Nychts ou encore Astral Silence). Et aujourd’hui, nous allons parler de l’un d’entre eux, le très sombre et mélancolique Borgne.
Projet de Bornyhake (qui oeuvre notamment au sein de l’excellent… Astral Silence, Enoid, Porifice ou encore Pure), Borgne sort un premier album en 1998, sobrement intitulé I, mais c’est à partir de 2006, date de son second opus (II) que le groupe se fait plus régulier dans ses sorties.
Huit albums plus tard, Borgne annonce son neuvième né, Y sur le label nantais des Acteurs de l’Ombre.
N’y allons pas par quatre chemins avec le fil à couper le beurre ni le dos de la cuillère, Y poursuit le chemin tracé par le groupe, c’est à dire que chaque album est excellent… et le suivant encore meilleur. Est ce qu’il révolutionne la discographie de Borgne ? Non. Mais putain qu’est ce qu’il fait plaisir !
Dès les premiers riffs de As Far As My Eyes Can See on pressent que cet opus reprend le propos de son prédécesseur, l’excellent [∞]. Nous sommes immédiatement happés dans l’univers vaste, lugubre, froid et sombre de Borgne, telle l’odyssée d’un vaisseau stellaire un peu pourri, perdu et condamné à errer dans l’immensité de l’espace.
L’album est bien pondéré, mettant en avant des sons très denses typiques du groupe et agrémentés d’un synthé impeccable et bien bourrin (façon boite à rythmes, on adore), qui contrastent avec des passages beaucoup plus calmes et aériens, notamment le piano et la guitare sèche de Derrière les Yeux de la Création, mais également de longues pistes instrumentales (Paracelsium) apportant un prisme presque cinématographique à l’album, telle une histoire se déroulant dans nos oreilles. Et comme très souvent chez Borgne, le final (A Voice in the Land of Stars) est grandiose, sublimé grâce a cet orgue spectral donnant un petit coté goth, venant clore cet opus de belle manière.
Toujours aussi introspectif, l’album s’écoute d’une traite sans que l’on ne se rende compte des 66 minutes totales.
Vous l’aurez compris, Y est un excellent album, qui s’inscrit parfaitement dans la discographie de Borgne sans la révolutionner. Mais après tout, on s’en fiche. C’est exactement ce que l’on vient chercher en écoutant ce groupe : des sons compacts, denses, lugubres, indus et immersifs, ne laissant aucun espoir et évoquant l’immensité indicible de l’espace.
Cet opus permet également d’agrandir la famille LADLO, qui, avec cette sortie, frappe un grand coup.
Une immense réussite et un bonheur.
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