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S’il y a bien une chose que j’attendais avec impatience pour ce mois de novembre, c’était bien le nouveau recueil mystique des chevaliers azuréens de Darkenhöld, “Arcanes & Sortilèges”. Nous avions eu à ce propos la chance de discuter avec Cervantes, conteur de la troupe lors du dernier été, et autant dire que ses paroles à propos de ce nouvel album se vérifient et même au-delà.
Après nous avoir raconté les aventures d’un moine brigand du haut de son “Castellum”, puis nous avoir emmenés dans les profondeurs boisées d’une forêt mystique et inquiétante, nous rappelant la mémoire sylvestre (“Memoria Sylvarum”), la troupe nous emporte cette fois dans un univers de légendes arthuriennes, mêlant le monde médiéval qu’elle chérit tant et le fantastique. Cervantes nous avait prévenus, chaque réalisation du groupe possède sa propre ambiance, ses propres décors et thèmes. “Castellum” était épique et guerrier, “Memoria Sylvarum” était quant à lui mystérieux, brumeux et atmosphérique. “Arcanes et Sortilège” ne déroge pas à la règle et nous propose un tout autre voyage, mystique, épique et fantastique. Une preuve que le groupe ne reste jamais sur ses succès passés et cherche à chaque sortie renouveler sa formule, sans perdre l’auditeur et le fan je vous rassure.
Ils n’hésitent pas à surprendre pourtant avec un “Oriflamme” qui démarre tambour battant, mélodie agressive et guerrière immédiatement installée. L’auditeur se retrouve plongé instantanément dans l’univers fantastique de l’album. C’est d’ailleurs une des caractéristiques fortes de ce recueil de contes médiévaux fantastiques, des attaques fortes, puissantes et accrocheuses. Chaque titre développe le pan d’une histoire qui prend sa source dans la littérature fantastique et que je vous laisse découvrir au fil de vos écoutes. L’immersion, brutale, est instantanée.
On est aussi rapidement ébloui par la guitare d’Adébaran. Elle nous accompagne tout au long de cette épopée fantastique. Elle prend différentes formes, électrique ou acoustique, tantôt agressive et rageuse, tantôt mélodique et néoclassique, mais toujours accrocheuse. Les amoureux d’un black metal mélodique au souffle épique voire baroque peuvent être comblés. Et pourtant, aussi accrocheuse soit elle, elle ne sonne jamais simple, et surprend régulièrement l’auditeur dès la première écoute. Le genre dans lequel Darkenhöld évolue a vu nombre de groupes s’adonner à la facilité ou du moins à l’utilisation parfois excessive des claviers et des samples pour donner un souffle à leur composition (Dimmu Borgir, Cradle of Filth pour ne citer qu’eux). Ici la guitare d’Aldébaran se suffit à elle-même et réalise cela à merveille, permettant aux compositions de conserver une certaine authenticité. Un sentiment de vérité se dégage, et l’auditeur en est d’autant plus plongé dans l’univers du groupe. En parlant des claviers, si ils se font plus discrets que pour “Memoria Sylvarum”, ils apportent néanmoins juste ce qu’il faut d’épaisseur, de profondeur à des morceaux comme “Mystique de la Vouivre” et participent parfaitement eux aussi à cette immersion, se mêlant souvent aux mélodies de la guitare. Enfin, je vous invite à me donner un album récent de black mélodique avec un son de batterie qui sonne aussi réel, vrai, et aussi bien mis en son, cherchez bien vous n’en trouverez pas beaucoup.
Cervantes nous l’avait dit, ils l’ont fait, l’album est entièrement chanté dans la langue de Chrétien de Troyes. Encore une fois cela renforce la sincérité du propos, d’autant plus que, bien que très mis en avant, cela ne gêne pas l’écoute comme cela peut parfois être le cas. Sûrement aussi parce qu’il faut saluer le magnifique travail d’écriture de Cervantes à ce propos, il y est superbement à l’aise, le français lui permettant de placer son chant parfaitement. N’est pas Baudelaire qui veut comme diraient certains, mais là, chapeau l’artiste.
Avec tous ces éléments mis bout à bout, l’auditeur est plongé dans ce récit de monstres, de chevaliers et de mages, de châteaux en ruines et de forêts sombres et mystérieuses renfermant mille et un secrets, guidé par Cervantes et ses passages déclamés qui parsèment le disque. Le superbe artwork du groupe, encore une fois réalisé par la talentueuse Claudine Vrac (@ClaudineVrac) est d’ailleurs une magnifique invitation à pénétrer dans cet univers comme on peut s’évader dans un livre de hi-fantasy à la belle couverture.
Darkenhöld continue ainsi son évolution, nous délivrant là sûrement un de ses plus beaux opus, réussissant le tour de force de se renouveler sans se trahir. Un album accrocheur sans être évident, envoûtant sans jamais être ennuyeux, superbement mis en son, immersif et marquant !!!
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