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Ça y est, l’hiver vient comme dirait l’autre. Outre cette référence plus que douteuse, étant donné que je n’ai pas apprécié la série plus que ça, c’est également le temps des fêtes qui s’installe… Ah, la sentez-vous ? Une délicieuse odeur de chocolat chaud, de mandarine, le crépitement apaisant de la cheminée, comme un duveteux cocon qui vient nous envelopper, un plaisir pleinement assumé de retomber en enfance… C’est bon, vous y êtes ?
…
On est bien, hein ?
…
Et bah c’est bien dommage, parce que vous avez tout faux : Ce n’est absolument pas cette facette de la froide saison que nous allons aborder au cours de cette chronique.
Finie la douce chaleur du foyer, il va geler à pierre fendre, le blanc infini imposé par la poudreuse ne sera plus synonyme de pureté mais bien de fin, de LA Fin. Direction le Grand Nord pour partir à la découverte du dernier opus gelé de Sorcier des Glaces, duo de Metal Noir Québécois originaire de Québec (la ville, pour ceux qui n’auraient pas suivi en géographie). Actifs depuis 1997, ils sortent en cet Halloween 2020 leur 8ème album studio : « Un Monde de Glace et de Sang ». Avec cet intitulé, il me semble que le ton est donné… Partons donc sans plus attendre à la rencontre de la bête.
Introduction. Les bases sont tout de suite posées : pas le temps de s’embarrasser de quelconque fioriture. Les nappes de guitares créent un épais brouillard dans lequel on se perd, le blizzard se lève et nous attaque les membres. Comme perdus au milieu d’une forêt lugubre et enneigée, les échos d’une batterie aussi primitive que menaçante traversent le brouillard, et le Sorcier nous assène sa constatation : « We have reached the end of time ». Nous avons atteint la fin des temps. C’est donc ici que tout s’achève, au milieu du froid, de l’obscurité et du chaos.
Et ce n’est pas la suite du disque qui va me faire mentir : cet album fait indéniablement partie de ceux qui gardent leur ligne directrice tout du long. Chaque piste enfonce un peu plus le clou entamé par la précédente. Bestial, intransigeant, obscur, primitif. Ce voyage au milieu des terres glacées dépeintes par le Sorcier sera sans doute le dernier. La glace et le sang se mêlent, passant de trémolos stridents en arpèges lugubres, de terres absorbées par la neige en arbres croulants sous son poids, de passages hâtifs et sans pitié à des sections plus lentes et pesantes : le sang se glace, les membres se raidissent, les pensées s’obscurcissent. Clap de fin.
Merde…
Le disque est déjà fini. Une heure s’est déjà écoulée. Parlez-moi encore de faille spatio-temporelle tiens…
Enfin, pour en revenir à notre épopée dans les Terres du Froid, il va être temps pour moi de conclure cette chronique, puisqu’à mon sens, « Un Monde de Glace et de Sang » est un album qui se vit plus qu’il ne s’écoute ou qu’il se définit. C’est une ascension dans les montagnes enneigées de sa propre psyché, une invitation à aborder la noirceur des autres ainsi que la sienne, pour mieux la comprendre et l’appréhender.
« Ils ne détruiront jamais mon univers, comme ils ont détruit le leur. »
En résumé, en plus de proposer des atmosphères prenantes et travaillées, une performance musicale de haut vol et un chant parfaitement dans le thème (mention spéciale au cri sur « Un monde de Glace et de Sang », qui m’a littéralement transi de froid et fait raidir l’échine), ce nouvel opus de Sorcier des Glaces est l’une de mes sorties préférées de l’année, non seulement en Black Metal, mais également tous styles confondus. Il prouve également selon moi que le chant francophone a entièrement sa place dans ce style gouverné par les langues germaniques, même si ce dernier point ne fait pas l’unanimité à la rédaction. Trêve de private jokes, je mets un terme à cette chronique, et retourne à l’écriture de la prochaine en vous disant à très bientôt!
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