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La fin de l’année c’est la période des bilans, best of et autres. C’est aussi la période où on regarde un peu ce qu’on aurait pu louper comme pépite. Et il y en une, de pépite, dont on a entendu parler mais pas trop, que j’ai découverte à la toute fin de l’année 2019, c’est le troisième album des canadiens de Tomb Mold, intitulé « Planetary Clairvoyance ».
Ce jeune groupe canadien, actif depuis 2015, est très actif justement : 2 démos en 2016, un premier album en 2017, « Primordial Malignity » et une autre démo qui attirent les oreilles du très bon label 20 Buck Spin (label du groupe « Fetid » entre autre), lequel leur permet de sortir leur deuxième album « Manor Of Infinite Forms » et enfin ce « Planetary Clairvoyance » en juillet 2019. Mais alors pourquoi je vous en parle comme d’une « pépite » de cet album ?
Déjà les amateurs de death brutal, gras et violent s’y retrouveront largement. Entre riffs groovy, chant guttural gras au possible, solos dissonants, rythmiques death old school, accélérations bien senties qui font suite à des passages mid tempo, les fans de groupes comme Incantation ne seront pas dépaysés, et s’y retrouveront.
Mais si ce n’était que ça, il y aurait peu d’intérêt à vous parler d’un énième groupe de death old school que l’on voit fleurir comme les cas de covid 19. Il y a plus, et ce plus se retrouve dans l’ambiance qu’arrive à instaurer Tomb Mold sur son album qui se veut aux confins les plus sombres de l’univers, comme nous le laisse entendre le titre de l’album.
Dès le 1er titre, « Beg For Life », le décor nous est planté avec quelques bruitages résonnants qui pourraient venir du fond lugubre d’un vaisseau ou d’une station spatiale. Vous savez ce genre de bruits qui nous font savoir que dans l’espace, personne ne nous entendra crier. Puis ça part, après une courte montée en puissance. On est pris à la gorge par le chant guttural, vomi, fétide, du batteur Max Klebanoff. Alors les pires horreurs cosmiques Lovecraftiennes nous viennent en images. Et nous, auditeurs, nous ne faisons que fuir dans un dédale de couloirs sombres, suintants, et dans lesquels des gaz nauséabonds s’échappent. Quelques passages à la guitare sèche nous laissent quelques temps de répit bien sentis, nous permettant de reprendre notre souffle. Mais la course reprend de plus belle, toujours, avec son issue immuable.
Le groupe continue ses références aux films de genre comme « Alien, Le 8ème Passager » avec l’instrumental « Phosphorene Ultimate » et ses sons d’ordinateurs qui débitent des informations incompréhensibles sur fond de bruitages mécaniques, et cette guitare sèche, encore, des plus inquiétantes. C’était le dernier répit pour l’auditeur. En effet, tout s’enchaîne ensuite, riffs pachydermiques sur riffs pachydermiques, mid tempo groovy sur mid tempo groovy, vous connaissez. Ce jusqu’à ce dernier titre, « Heat Death », comme une solution inéluctable pour le voyageur qui serait allé trop loin et qui a vu ce qu’il n’aurait pas dû voir, sombrant dans la folie, et dont la dernière et unique solution est la mort. Tomb Mold nous y délivre un morceau furieux sur son introduction, puis très mélodique. Jusqu’à atteindre une certaine mélancolie, avec un riffing au ralenti, de plus en plus lent et qui termine encore une fois sur ces bruits étranges et gluants …
Alors oui je m’imagine tout ça quand j’écoute les 38 petites minutes de cet album, mais il faut préciser deux choses. La première c’est la production de l’album, elle est particulièrement froide et sèche, ce qui renforce le côté poisseux de certains passages. La seconde c’est bien évidemment la pochette, qui dans son thème bleu, rappelle celle d’Arise de Sepultura, des décors à la H.R. Giger et bien évidemment certaines descriptions folles et tordues de H.P. Lovecraft. Cette pochette invite à l’imaginaire, ou plutôt aux cauchemars cosmiques.
En somme, Tomb Mold nous a pondu là un album d’une grande maîtrise, autant dans la technique, délivrant comme un face hugger surgissant de son œuf, un death old school qui remplit son contrat, qu’en nous proposant une ambiance folle, poisseuse, urgente, terrifiante et excellemment bien mise en son et en image. Et c’est en cela qu’il se démarque autant !
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