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Une chose est sûre, Mike Hill est un bourreau de travail ! Au delà de mener de main de maître ses deux projets musicaux (Tombs et Vasilek), d’être le PDG de la société de torréfaction Savage Gold Coffee (un clin d’œil à l’album du même nom de TOMBS en 2014), d’avoir créé et produit le podcast « Everything Went Black », de produire et d’animer le podcast « Metal Matters » de Gimme Radio , de co-animer le podcast d’horreur « Necromaniacs » et, enfin, d’être journaliste sportif spécialisé dans les combats de MMA, il trouve le temps de déployer trois matériels cette année !
Succédant à l’excellent EP “Monarchy of Shadows” paru juste avant la pandémie de Covid-19 et au live album ‘Abrasas Ritual : Live in Chicago’, le cinquième opus du groupe américain originaire de Brooklyn, “Under Sullen Skies” s’inscrit dans le tournant musical pris par le leader en début d’année !
Souhaitant délivrer une musique plus sombre et plus radicale, c’est sur ce postulat et grâce aux membres dont il s’est entouré que sort, en cette fin d’année, le fruit de cette collaboration fructueuse. Au-delà d’un line-up remanié, de nombreux invités participent à ce disque et, sans les nommer tous, il est à noter la participation des trois guitaristes Andy Thomas (BLACK CROWN INITIATE), Ray Suhy (SIX FEET UNDER) et Todd Stern (PSYCROPTIC) pour les solo respectifs sur ‘Void Constellation’, ‘Barren’, et ‘Mordum’.
Contrairement aux travaux précédents, Mike Hill a voulu que les influences de chacun transpirent dans ce cinquième matériel. Et c’est chose faite puisqu’il est très difficile de catégoriser l’oeuvre tellement cette dernière est éclectique. Globalement, elle suit une ligne musicale directrice black/post-black dont la texture est clairement malsaine voire nauséabonde.
Dès le titre introductif ‘Bone Furnace’, sur fond de tempo massacrant, les riffs sombres et caverneux confèrent au morceau une ambiance horrifique, presque morbide. Malgré les courts passages groovy allégeant la nappe malsaine planante, il est difficile de ne pas se faire happer par un environnement à la fois dérangeant, effrayant même, mais attirant ! Je vous parle de cette sensation qui vous pousse à faire quelque chose dont vous savez pertinemment que les conséquences seront terribles !
C’est ainsi que le méfait entraine l’auditeur dans les profondeurs d’un univers de plus en plus malsain au fil du déroulement de la tracklist, qui s’assombrit définitivement dès l’interlude sordide ‘We Move Like Phantoms’.
Auparavant, ce n’est pas une promenade de santé mais les plans hypnotiques de ‘Void Constellation’ et de ‘Secrets of the Black Sun’, la consistance stoner rock de ‘The Hunger’ et la structure post-black, bien qu’agressive, de ‘Barren’, offrent un semblant de légèreté rapidement mis à rude épreuve, et éradiqué au cours de la seconde partie de la rondelle.
Montant en puissance de façon vicieuse, la perfidie du disque prend tout son sens dès le massif et brutal ‘Descensum’. Mike scandant son texte de façon abrupte et dérangée tel un certain Attila Csihar dans Mayhem ou Tormentor, c’est à un black metal sournois et malsain que nous avons affaire. Il sert de tremplin vers l’écrasant ‘Mordum’ et le torturé et dissonant ‘Lex Talionis’.
C’est donc sans concession et sans pitié que Tombs élève d’un cran sa musique machiavélique en empruntant le chemin sinueux et hypnotique d’ ‘Angel of Darkness’ au tempo métronomique devenant assommant sur ‘Sombre Ruin’. Intrigant de prime abord, il devient dérangeant puis néfaste au point de naturellement glisser vers ‘Plague Years’ qui, sous ses faux airs de lueur d’espoir distillée par l’accalmie de son intro, dérive vers un post-black malveillant projetant impitoyablement l’auditeur vers le néant.
Avec ce cinquième et nouvel opus, Tombs affiche clairement sa nouvelle direction musicale entrevue lors de l’épisode précédent. Vicieux, maléfique, malveillant, Tombs déploie une oeuvre néfaste et inflexible avec, pour seule issue, le vide assuré.
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