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Si vous avez participé au Major Arcana – Redbull Music Festival 2019 avec Perturbator, Alcest, Regarde Les Hommes Tomber … vous avez sûrement croisé Verset Zero avec une table de mixage surmontée d’un autel digne de grandes messes noires mystérieuses. Pardi, si vous exécrez les musiques synthétiques, passez votre chemin, nous chroniquons ici un phénomène électronique dissident et inclassable. Néanmoins, les sons de basse, de guitare et les voix sont bien réels dans cet univers virtuel.
Il n’est pas forcément facile de décrire cette bête digitale, cependant elle marche sur un terreau metal extrême, même black métal des années 90 et possède des cellules souches qui se combinent aux basses pénétrantes d’un Sun O))) et à la lourdeur atomique et mitochondriale d’un Amenra. Disons aussi que les fans des morceaux les plus sombres et lents d’un Aphex Twin, d’un Ahnst Anders ou d’un Jon Hopkins sont de potentiels amateurs de Verset Zero. Si en plus vous aimez les ambiances intimistes et froides d’un Nordvargr, couvertes d’un coulis religieux et maléfique, vous allez sûrement accrocher dès la première écoute.
L’album suit manifestement une ligne directrice en montant progressivement en tension, se payant même le luxe d’un long silence de 10 secondes sur “Errarevunt” (en latin : errer) pour finalement introduire des percussions martiales et des sonorités industrielles tandis que le titre suivant, “Saul”, vient révéler plus de présence, avec l’apparition de guitares et de basses saturées sur fond de cri démoniaque appelant Saul qui, au delà d’être un personnage biblique (c’est le premier roi d’Israël), signifie également “demandé par Dieu”.
La richesse de l’album et tout son coté hypnotique se révèlent au fur et à mesure, en s’appuyant sur des nappes puissantes et des rythmes assez originaux. Verset Zero ponctue les ambiances de sons de cloches, de cris de corbeau et de hennissements de chevaux. Les atmosphères peuvent devenir franchement religieuses à l’image de “Ultimus Processionis” ou “Impetus”, dont les sons plus stridents créent d’ailleurs à la fois une tension pertinente autant qu’une mise en scène musicale habillement travaillée. Globalement Verset Zero aime surprendre son auditeur, en incluant beaucoup de noirceur très inspirée de compositions black metal, en immisçant des atmosphères glauques et en jouant de contrastes subtils .
Quand je dis surprendre … “Sacrificium Baal”, qui aurait presque pu bercer le plus féroce des chatons, se dévoile en deuxième partie avec des beats technos très rapides. L’artiste a quelques tours dans son sac, qui peuvent certes déconcerter, mais dont l’originalité séduira les plus éclectiques d’entre nous. “Crucifixio” est un autre exemple où les silences et les passages calmes se mêlent à des rythmes changeant régulièrement, à l’image d’un marteau tapant avec frénésie sur son clou. Si tu touches un os, faut quand même taper plus fort, c’est logique.
On vient conclure sur “Cineres”, plus profond, noisy et drone dans sa substance. Il apporte beaucoup d’éléments ténébreux et ne laisse guère d’interrogation sur les influences maléfiques du compositeur. Au final, c’est un album sur lequel on se laisse volontiers emporter et qui surprend même après plusieurs écoutes.
Je vous invite également à découvrir certaines releases un peu plus anciennes, toutes aussi intéressantes :
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