Chernobyl (2019), réalisé par Johan Reck d’après un scénario de Craig Mazin.
De ce que j’avais pu lire ici ou là, commentaires élogieux pour la plupart, je voulais absolument voir cette série. N’étant ni abonné à HBO ni un fervent amateur de téléchargement, je me suis donc procuré le bluray : il y a en outre pas mal de bonus susceptibles de m’intéresser, sauf que ces derniers n’apportent pas grand-chose et sont très courts (à peine quelques minutes).
Je me suis donc avalé les cinq épisodes en une journée… Sans indigestion ! Le format mini-série me convient totalement : mais ne nous y trompons pas, c’est avant tout du cinéma. Puisque les films de 5h sur grand écran sont désormais rarissimes (ce qui aurait été indigeste, vu la tension dramatique constante), séparer le déroulement des évènements en 5 épisodes est judicieux. Le seul petit regret est de ne pas pouvoir en profiter dans une salle de cinéma : d’ailleurs ouvrir une salle qui ne diffuserait que des séries sur grand écran serait une bonne idée, non ?!
On a coutume de dire que la réalité dépasse souvent la fiction : en effet, ici pas besoin de voir des gars bodybuildés en collants avec un masque pour reconnaître les super-héros. Pas besoin non plus de créer des monstres ou des zombies sanguinaires pour flipper ou être horrifié… Inutile d’inventer un scénario romantique sur un amour tragique et impossible pour avoir la larme à l’œil. Pas besoin d’imaginer un scénario catastrophe apocalyptique pour frémir ou bien d’avoir recours à des artifices superflus afin de créer un suspense insoutenable. Il n’est pas non plus nécessaire d’inventer une histoire conspirationniste avec des espions, un gouvernement opaque et un système généralisé basé sur le secret et les mensonges pour faire un film « à procès » afin de captiver un spectateur qui se dirait « oui, on nous cache des choses ! ». Non, pas besoin de tout ça : la réalité est là et le propos en est d’autant plus fort et choquant. C’est d’ailleurs le point commun à toutes ces mini-séries réalistes très réussies telles que « Unbelievable » ou encore « When They See Us ».
De ce fait, lorsque le dernier épisode se termine, on ne se dit pas forcément « wow, excellente série ! », mais on reste interloqué, abasourdi, assommé par ce qui s’est passé le 26 Avril 1986… Même en ayant vu nombre de documentaires à ce sujet par le passé. En ce sens, parvenir à focaliser l’attention sur le sujet principal et non ses acteurs ou sa réalisation (les deux étant impeccables) est sans conteste une série immensément réussie. Et même si les évènements tragiques qui se sont déroulés dans les années 80 sont bien réels, ce n’est pas un documentaire mais bien une série avec ses personnages, réels ou fictifs (la scientifique Ulana Khomyuk, jouée par Emily Watson, est par exemple inventée : elle représente les centaines de chercheurs qui se sont mobilisés pour enrayer la catastrophe et faire éclater la vérité).
Pour parler brièvement des acteurs, Stellan Skarsgård (vu aussi dans l’excellente série « River ») est une nouvelle fois impérial, de même que son compère Jared Harris (Lincoln, Sherlock Holmes, l’Etrange histoire de Benjamin Button, La jeune fille de l’eau, Oceans 12, Dead Man…) qui pour le coup a bien la gueule de l’emploi. Ce dernier, le chercheur Valery Legasov, est même le personnage principal.
Au travers du suspense insoutenable des événements, rythmés par le crépitement monstrueux des compteurs Geiger mesurant l’effroyable et invisible démon radioactif… Et même si on connait déjà l’histoire, difficile de faire plus anxiogène. Un énorme coup de poing, pour moi LA série de 2019.
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