Voilà bien longtemps que je n’ai pris ma plume pour faire une chronique d’album. Il faut dire, je dois bien l’avouer, que cet exercice ne m’enthousiasme plus après quelques cinq cents comptes rendus de mes réflexions plus ou moins tranchées envers des disques que chaque artiste met du coeur à l’ouvrage à élaborer.
Il n’empêche que j’écoute toujours beaucoup de musique, que mes goûts évoluent avec le temps et que mon univers s’est encore élargi. En revanche, je suis devenu encore plus sélectif et autant vous dire qu’il faut une bonne dose d’originalité pour me séduire même si l’art est très subjectif.
En ce dimanche 24 juillet 2022, après une soirée fort agréable avec mes amis proches et un brunch made by myself avalé en fin de matinée, il me prend cette envie subite d’écrire ces quelques lignes sur les albums qui ont retenu mon attention en ce premier semestre qui s’achève.
Vous ne trouverez rien de ce qui a pu être retranscrit ailleurs ou alors à très faible échelle; vous ne trouverez donc pas les grosses machines Metal qui ont pu me faire vibrer car cela a déjà été fait ailleurs et certainement mieux que je ne pourrais le faire – alors voici mon humble avis sur des oeuvres aussi éclectiques que passionnantes.
Cette courte rétrospective débute par l’excellent second album de Absent in Body, ce super groupe où l’on retrouve des membres de Neurosis, Amenra et Cavalera Conspiracy. La formation s’était fait remarquer en 2017 avec “The Abyss Stares Back #5” et c’est avec l’excellent “Plague God” que le quartet attire mon attention avec une musique chaotique, oppressante mêlant des influences sludge et drone. L’artwork est tout juste sublime et le vinyle qui va avec l’est tout autant. C’est une très belle pièce pour laquelle je n’ai pas pu résister à la tentation de l’acquérir auprès de l’excellent label Relapse Records.
Seulement cinq titres mais inutile d’en faire des tonnes lorsque c’est très bon. Une bonne quarantaine de minutes qui m’ont pris par les tripes dès les premières sonorités de la piste introductive. Autant j’aime me faire fracasser d’entrée de jeu, autant j’aime que cela prenne son temps pour m’attirer vers quelques chose dont je ne connais pas l’issue quitte à y rester même s’il ne se passe rien.
Fort heureusement, il s’en passe des choses ici. La galette n’est pas très accessible et je ne vous cache pas qu’il faut subir quelques écoutes avant de l’apprivoiser pour en devenir addict.
Je l’écoute, d’ailleurs, au cours de la rédaction de cet article; je suis tellement immergé dans les sonorités sombres distillées par ces artistes géniaux que j’en sors brutalement par l’arrêt net du dernier titre.
Quelle sensation étrange qui me fait rebondir vers la seconde oeuvre qui a titillé mes tympans, “Heaven is Here” de Candy. Encore une production de chez Relapse mais que voulez-vous, quand on est bon, on est bon et c’est le cas du célèbre label américain qui sait dénicher les pépites et en voici encore une !
Voilà un disque qui mérite d’être écouté tellement il est atypique et sournois ! 90% de l’album diffuse une sorte de punk / crust old school au relent hardcore avec des titres ne dépassant pas les deux minutes. Je note quelques touches indus qui se glissent au fur et à mesure de mon avancée dans les méandres de l’univers des américains pour débouler sur du pur noise de plus de dix minutes avec la piste “Perverse” qui porte bien son nom.
Me voilà bien dans le bain pour me diriger vers quelque chose de brutal et technique à la fois. Certains qui me connaissent bien vont se marrer en lisant ma phrase précédente. Pour le coup, c’est vraiment technique et pas simplement brutal. Un peu comme le groupe espagnol Wormed en plus accessible. Enfin, si je puis dire…
Je vous parle de la formation portugaise Downfall of Mankind et son excellent dernier méfait “Vile Birth” doté d’un artwork monstrueux et apocalyptique allant parfaitement avec la musicalité du disque.
Sans jouer les branleurs de manche, le quartet délivre un brutal death mélodique fort bien arrangé ! C’est agressif, épique et presque grandiloquent par moments par l’apport des touches symphoniques discrètes dans l’ensemble des compositions. Ca gruike autant que ça screame. La rythmique flirte avec le deathcore et le slamming, c’est juste génial ce que ces jeunes musiciens arrivent à faire en mixant leurs influences respectives et nombreuses.
Je note quelque feat avec notamment celui de notre Julien Truchan national sur le titre éponyme.
En parlant de slamming et de brutal death, me voilà embarqué dans l’univers délicieusement sordide du one man band Seep, cet américain au doux pseudo de Vomitus qui délivre sa passion pour le gore dans ce tout premier album “Hymns to the Gore” arrivant dans le prolongement de son premier Ep paru deux ans plus tôt.
L’oeuvre est brillante, très caverneuse, brutale certes mais pas agressive. Notre ami aime prendre son temps pour pervertir les oreilles de son auditorat; j’ose espérer que tout ceci n’est que fiction car si le gars est votre bourreau, il sera davantage votre boucher….
J’aime beaucoup, c’est propre si je puis dire car en fait c’est bien sale et gras. Ca dégouline comme une gorge de mouton tranchée jetée en plein public (oui les concerts de Black Metal extrême m’inspirent) et me fait clairement penser à ce groupe de slam américain, Sanguisugabogg.
Mes deux derniers coups de coeur sont dans un registre que j’affectionne particulièrement et de plus en plus ces derniers mois. Il s’agit du doom death. Ayant été bercé au death old school puis au brutal death, la maturité m’a fait me diriger vers des tendances plus complexes et plus lentes aux sonorités chaotiques et oppressantes comme le sludge, le doom et le drone. Le bon compromis, pour moi, étant le doom death, voilà deux formations qui maîtrisent parfaitement leur art. Les américains Temple of Void et les britanniques Thun qui sortent deux disques époustouflants, d’une noirceur marquée teintée de doom pour le premier d’entre eux et de sludge pour l’autre.
Pesant, oppressant, lourd, pachydermique par moments, chacun des deux sceuds offre un large panel de cet univers malsain. Les morceaux sont denses par leur durée et épais par leur contenu. A la fois différentes et complémentaires, les deux formations m’ont totalement conquis à leur cause et tout comme Absent in Body, Temple of Void fait partie de ma collection; Thun, ne saurait tarder…
Mon tour d’horizon s’arrête ici, j’attends avec impatience ce que me réserve ce second semestre qui, je n’en doute pas, sera très certainement plein de surprises.
Bonnes vacances chers lecteurs.
Anibal Berith
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