A l’heure où l’édition “From Home” du Hellfest ferme ses portes (live report à venir) et où, patiemment, nous attendons de reprendre les chemins infernaux des festivals et autres concerts, une vague de nostalgie nous a saisis, nous, pauvres démons.
En attendant notre heure, nous nous sommes rappelé nos souvenirs, bons, drôle, cringe, mauvais qui ont parsemé nos expérience festivalières clissonnaises… mais pas que. Les voici
Amdusias : La première fois que j’ai rencontré les australiens de Airbourne, c’est grâce à un de mes collègues qui a posé un disque sur mon bureau en me disant : « Ecoute ca, tu vas aimer ». Nous étions fin 2008, il s’agissait de « Runnin’ Wild », leur tout premier album. Dès les premières notes j’étais conquise. Et j’ai su que ça allait être une tuerie en live (spoil : j’avais raison ^^).
J’ai donc foncé au premier concert parisien qui a suivi la sortie de l’album, et j’ai tellement aimé le show que j’ai ensuite assisté à quasiment toutes les dates qui ont suivi, à Paris, à Lyon, …
Mais un de mes meilleurs souvenirs de Airbourne est leur concert au Hellfest, en 2015. Le groupe passait sur la MainStage, ambiance de feu comme à l’accoutumée sauf que brutalement, en plein show, il y a eu une coupure de courant. Facile cinq minutes. Cinq longues minutes. Et alors que plusieurs groupes ayant fait face au même problème étaient repartis en loge en attendant de pouvoir rejouer normalement, Joël O’Keeffe, le frontman, a tenu la scène tout ce temps, sans musique, sans lights, et a amusé et occupé le public jusqu’à ce que le jus revienne. Chapeau !
Sinon il a également, comme d’hab, sauté partout, ouvert des cannettes de bière en les écrasant sur son crâne, les a balancées au public (faut éviter les premiers rangs avec Airbourne ^^) et fini perché en haut d’un ampli – la routine.
Beleth : “Hellfest 2018, je zone comme d’habitude entre la Temple, l’Altar, un peu la Valley et les stands de nourriture. Les copains sont partis se ressourcer Satan sait où, et je me retrouve en solo pour aller voir un groupe que je connais peu. J’aime le Black, j’aime l’indus aussi, du coup, Mysticum ça devrait me plaire non ? Je me trouve donc un petit coin sympa ou je parviens a voir un peu la scène du haut de mon mètre 62. Les roadies sont a pied d’oeuvre et mettent en place trois gigantesques colonnes noires. C’est assez impressionnant, l’excitation monte en flèche et enfin arrive l’heure. De manière assez cocasse (disons que ça casse un peu l’ambiance totalitaire), les trois norvégiens grimpent en haut de leurs majestueux piédestaux à l’aide d’une simple échelle. Ils sont droits comme des i, concentrés, solides. Deux guitaristes, un bassiste, pas de batterie, on est sur de l’indus le plus cru, celui qui sort de l’usine avec la gueule noire, celui qui tape et qui rend fou, celui qui gouverne les Metropolis oubliées et englouties.
Comme un coup de canon, le show commence. Et là mes cadets, la mère Beleth s’est pris la plus grosse baffe de sa vie. Déjà parce que pour une fois, du haut de son mètre 62, elle voyait parfaitement la scène et parce qu’au-delà de la musique, les colonnes et le backdrop n’étaient que milliards de loupiotes, clignotant en rythme, laissant voir des paysages champignonesque irréels et tripants. Ça cogne, les gus restent statiques comme des robots et balancent tous leurs boulons à la tronche de qui veut bien. Tout s’enchaine à la perfection, alternant des ambiances tantôt spatiales, tantôt plus terre à terre. Le show dure trois quarts d’heure. J’en ressors avec l’impression d’avoir vécu un gros trip, façon Alice au pays des Métallos. Je retrouve les copains “Putain les gars, deux secondes faut que je me pose, je viens de vivre un truc de fou… VOUS avez loupé un truc de fou…”
J’aurais aussi pu vous raconter la journée ou j’ai parlé avec Tom G Warrior, Atila Csihar et Nergal en l’espace d’une heure, mangé le meilleur steak tartare de ma vie et fini la soirée en loge devant les chouchous Gojira… Mais ça les enfants, c’est une autre histoire.”
Penchons-nous maintenant sur l’anecdote de Dantalion, lors du Metaldays 2019 (faut bien un peu d’originalité dans cet article, vindieu)
Situons déjà le contexte : Tolmin, Slovénie, 26 juillet 2019. Après presque une semaine de festival, autant vous dire que mes camarades de bamboche et moi-même étions rincés. Les trois derniers jours nous ayant fait subir des températures entre 40 et 43 degrés, en plus du soleil slovène particulièrement féroce, nous n’attendions désormais plus que la pluie, ou quelconque signe de rafraîchissement. Et rafraîchissement il y eût ! Retraçons donc cette folle soirée :
19h : l’orga annonce un orage en approche, qui ne devrait pas influer sur les derniers concerts du fest.
20h : La pluie commence à tomber, la température avec. Délivrance.
21h30 : Après un bon repas, je me mets en place pour voir Impaled Nazarene (chouette concert s’il en est.).
23h : Fin du concert d’IN, je me dirige donc vers la mainstage pour voir Dimmu Borgir. Et soudain, c’est le drame : coupure générale sur l’intégralité de la ville de Tolmin. Plongé dans la nuit noire, j’arrive néanmoins devant la Mainstage et m’y installe.
23h 20 : Les lumières se rallument. Scène de liesse dans la foule. Elles retombent rapidement, mais cette fois-ci, c’était prévu. Sous une pluie battante, Shagrath (frontman de Dimmu) entre en scène de manière triomphante, flambeau à la main. L’atmosphère est électrique. Le show démarre alors, sur fond d’éclairs tranchant le ciel et de pluie estivale revigorant les terres et le public. Le show ne fut sans doute pas le plus marquant du fest pour moi, mais le contexte lui a donné une telle splendeur qu’il m’est impossible d’oublier cette soirée tant le souvenir est fort.”
Samigina : “En ces temps où chaque passage en caisses de grandes surfaces fait un peu penser au tumulte animant le Leclerc de Clisson tous les ans de Hellfest, et où des que la musique à fond retentit dans la voiture les souvenirs de festivals s’animent… voici une toute petite anecdote super sympa, parmi tant d’autres on peut l’imaginer… en 10 années de Hellfest. J’ai choisi l’une des plus sages évidemment, affaire à suivre.
Je n’ai découvert ce festival qu’en 2007, étant prise par un autre évènement en Allemagne en 2006. L’affiche du Fury Fest d’ailleurs nous avait parue démesurée. Loin de nous d’avoir été voyants au point de nous imaginer qu’un jour le Hellfest durerait 7 jours (de festival) sur 11 jours voire 12 pour certains avec présence sur site de Metallica en clôture (sans compter leurs potos des Gun’s le jour d’avant alors que tu es déjà décédé 10 fois depuis le début).
Des anecdotes j’en ai des tas depuis 2007. Du jour où je n’ai pu tirer ma Clio de la boue à la sortie du 2007 (ayant perdu également mes Newrocks devant Immortal cette année là), aux Interviews marquantes que j’ai pu réaliser là bas avec une chance que je mesure maintenant, et à cette magnifique opportunité d’avoir pu me trouver entre les scènes et le public afin d’y magnifier par la photo ma passion pour cette culture, surtout celle du Black Metal.
J’ai donc été photographe sur la Temple Stage principalement depuis 2010 pour d’abord différents supports “médiatiques” (je place les guillemets volontairement pour certains), et ensuite pour moi, afin de mettre en valeur l’interaction entre l’oeuvre et son public par l’image.
Dans ce cadre-là un jour, on a pu avec des amis (dont celui qui a pu m’initier en 2009 aux prémices de la photo sur ce sujet précis du Black Metal) louer un gîte chez l’habitant sur le Hellfest 2014. Une aubaine dingue sachant que le luxe le plus absolu dont j’avais pu profiter auparavant était le camping municipal (et quel luxe quand on connait le camping du site… à faire jusqu’à 30 ans pas plus).
On est arrivés après avoir profité d’un bain bouillonnant et du soleil, vers 18 heures sur le site, sachant que d’ordinaire les journées s’étalent plutôt de 11 à 3 heures du mat, une réelle exception. Tout frais comme des gardons on se pose en VIP (à l’époque ou le Vip était vivable et agréable à vivre) et les concerts commencent doucement avec ces allers-retours incessants scène/VIP/scènes/VIP lorsqu’il y avait vraiment matière à aller chercher de l’image. Je file vers la Temple en fin de soirée.
J’arrive sur le concert de Gorgoroth, mon portable sonne plusieurs fois et j’avais déjà passé l’heure de notre rendez-vous pour rentrer au gîte. Seule sous la Temple je trépignais, pressée que le show démarre et d’un coup, blackboulée dans le couloir de feu que représentait le pit ce soir-là, je mitraille un mélange de noir, de rouge, d’éclatement d’énergie, je n’avais jamais vu ça avec tant d’ampleur et si adroitement mis en valeur en dehors des concerts plus familiaux. Bon, je suis mal. Je sors du pit : 2 messages en absence “qu’est-ce que tu fous ???” et je réponds : “j’arrive, dernier set sous Temple et j’arrive !!”.
Forte de mon culot je me réavance dans la file pour le pit en espérant avoir un second set. Un gars des roadies vient m’attraper de derrière la scène et m’invite directement à leur table… “Viens, viens… Viens boire un coup avec nous !!!” Oh !! Je grimpe dans les cables et déambule sur une autre planète jusqu’à rejoindre une grande table en bois et tout plein de convives autour. “Tu veux un rhum ?” Oh !! Le concert criait derrière, mon portable aussi.
Je bois le rhum… deux… trois… je prends mon boîtier et avec l’autorisation des gars je capte quelques clichés du groupe de ce point de vue puis je finis par redescendre dans le pit et… prendre peut-être les meilleurs portraits de Hoest de toute ma menue carrière en la matière avec l’impression d’avoir réellement été au bon moment au bon endroit et dans le meilleur état.
J’ai adoré cette sensation incroyablement grisante.
J’ai fini avec “un peu” de retard à retrouver (en serpentine) mes bienveillants amis qui m’ont pardonné mon retard au vu du résultat tiré des photos. Je les en remercie encore (rires).
Peut-être avec un peu de chance une possibilité de retravailler en 2022 ? Je suis prête.
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