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Nous avons parlé avec Laurent Rossi et Matthieu Drouot, cofondateurs du bar Hellfest Corner à Paris

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Home » Articles » Nous avons parlé avec Laurent Rossi et Matthieu Drouot, cofondateurs du bar Hellfest Corner à Paris
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Vous pourrez trouver ci-après la retranscription de l’interview vidéo qui a été réalisée le 8 septembre 2020. Au jour ou nous publions, une menace de fermeture plane de nouveau sur les bars, l’incertitude est hélas reine, et le contexte est donc bien évidemment différent.

 

Laurent Rossi est l’ancien Directeur Label de Jive Epic Records / Sony Music Entertainment, et Matthieu Drouot est le Directeur Général Délégué de Gérard Drouot Productions.

Le Hellfest Corner est situé au 37 rue Quincampoix, à Paris.

 

Bonjour à tous, et merci Laurent et Matthieu pour cette interview accordée à Ars Goetia Webzine.

AG : Laurent, qu’est-ce qui a été le déclic qui t’a fait troquer ta casquette de patron de label pour devenir gérant du Hellfest Corner, et Matthieu qu’est-ce qui t’a décidé à faire partie de l’aventure ?

LR : Le déclic personnel c’est 25 ans en maison de disques et besoin de faire une pause, et puis l’arrivée peut être à un âge vénérable ou j’ai envie de m’amuser. Et surtout c’est un truc que je n’avais jamais fait et je fantasmais d’un lieu comme cà à Paris en tant que consommateur, donc autant le créer

MD : Je crois que si on avait attendu que d’autres personnes le créent pour nous ça ne se serait pas passé. On est vraiment sur une nouvelle typologie de lieu et d’ailleurs ça me fait rire parce que les Rolling Stones sont en train de créer une nouvelle boutique à Londres, ce qui montre que tous les événements annexes au rock n’ roll et plus largement au métal pour ce qui est du Hellfest se retrouvent maintenant dans des endroits comme ici, à la fois un bar, une boutique et un lieu de rencontres. Je crois qu’on est vraiment dans quelque chose pour lequel il y avait une attente et c’est pour ça aussi que je me suis dit je voulais en faire partie, parce que tous les deux quand on s’est lancés là-dedans on savait qu’il y avait une attente de parisiens autour de ce bar. Et depuis qu’on a annoncé qu’on allait ouvrir, combien de messages avons nous reçus avec : mais pourquoi pas à Nantes ? pourquoi pas à Lyon ? pourquoi pas à Lille ?…

LR : Ça arrivera peut-être …

AG : C’était une de mes questions effectivement

MD : On a eu l’idée sur le site du festival, tout simplement parce que c’était aberrant pour nous de ne pouvoir se rassembler autour du Hellfest que trois jours par an, même si quand on va à Clisson souvent on reste la semaine ! mais c’est trop court, et en plus cette année ca n’a pas eu lieu ! on n’avait pas prévu le coup mais c’est vrai que du coup c’est le seul lieu aujourd’hui autour du Hellfest on peut venir découvrir des artistes, se faire plaisir au shop avec des trucs qu’on ne trouve nulle part ailleurs, et le côté vraiment unique du lieu nous semblait évident

AG : Comment s’articulent les choses entre vous ?

MD : Ben c’est Laurent qui fait tout ! (rires) Parce que moi j’assume toujours la direction de Gérard Drouot Productions donc c’est mon boulot à plein temps, et Laurent, qui avait besoin de faire une pause du label, s’est vachement occupé du bar depuis l’ouverture.

S’adressant à Laurent : Depuis le mois de février 2019 et l’acquisition du fonds tu n’as fait que çà.

LR : Quasiment que çà oui

MD : Il fallait lancer le truc. On va bientôt fêter nos un an d’ailleurs, il faudrait qu’on prévoie un truc parce que ça vient vite mine de rien

LR : Un petit confinement, une petite grève, une mutation du covid, …. On va faire un truc !!!

MD : Je suis aussi copropriétaire de la marque Hellfest donc Laurent est le centre d’idées de ce lieu, c’est lui qui gère tout autour de : que proposer ? comment le promouvoir et convaincre les gens d’y adhérer ? et moi je donne beaucoup mon avis

LR : Oui il y a beaucoup d’échanges

MD : On prend des décisions collégiales mais Laurent s’en s’occupe beaucoup plus que moi, ce qui est logique car là moi je ne peux pas. Après peut-être qu’un jour c’est moi qui aurai envie de faire une pause sur les tournées et Laurent une pause d’ici et on changera

AG : Pourquoi cet emplacement ? Pour les gens qui nous écoutent et qui ne le savent pas, c’est là qu’il y avait le Feelgood des Halles

LR : Déjà le fait qu’il y avait le Feelgood des Halles en faisait un lieu identifié. En plus une licence 4 à Paris il n’y en a pas des milliards. J’ai visité énormément d’endroits, c’étaient des brasseries, ou alors des lieux qui étaient super mais qui n’avaient pas de licence 4 – or une licence 4 ne se déplace pas comme ça, surtout à Paris. Il me fallait un lieu un peu particulier parce qu’il fallait parfaitement différencier la partie bar et la partie shop. L’opportunité s’est présentée et on a sauté dessus, et ce n’était pas plus mal parce que ça fait une sorte de continuité.

MD : Oui c’est une adresse qui est connue de tous les métalleux de Paris, et de tous les fans de rock qui ont l’habitude d’aller au Zénith, à Bercy et dans toutes les salles de Paris ou il y a des concerts donc c’est une adresse de rassemblement que tout le monde connaît. On a eu l’idée lors du Hellfest 2018, devant Maiden ! et six mois après le Feelgood décidait de vendre. On a saisi l’opportunité d’acquérir ce fonds. On a bossé plusieurs mois pour boucler le financement, ça a été très compliqué mais l’adresse a beaucoup d’atouts, c’est en plein centre de Paris, c’est facile au niveau des transports avec le RER et compagnie. On ne se voyait pas trop être au bord du périph, au bout d’une ligne de métro … En plus on s’est aperçus depuis l’ouverture que les gens viennent beaucoup avant ou après concerts donc le fait d’être en plein centre facilite tout ça aussi. On a eu un accueil voisinage pas forcément simple au début parce qu’on a pris aussi la suite du Feelgood qui faisait des concerts au sous-sol et il y avait eu des problèmes de nuisance. Maintenant c’est très calme puisque c’est un shop mais il a fallu rassurer tout le monde et je pense qu’on a réussi à se faire accepter dans le quartier

LR : Ce ne fut pas simple et on continue à faire excessivement attention. Sur ce je dirais que ce n’est pas symptomatique de la rue Quincampoix mais c’est tout Paris. Des fermetures administratives de bar il y a en a tout le temps. Il y a une sorte de gentrification de la ville qui fait que la nuit et même la soirée parisienne ne sont plus ce qu’elles étaient.

MD : Je sais qu’on a eu beaucoup de questions sur pourquoi Paris ? et bien déjà parce que très égoïstement nous sommes parisiens

AG : Oui beaucoup de gens vous reprochaient de ne pas l’avoir ouvert à Nantes

LR : J’entends les gens de Loire Atlantique mais à Nantes il y a déjà le Hellfest , il y a le vrai truc

MD : Avec le site ouvert toute l’année

LR : Et puis à Paris il y a plusieurs choses. Déjà c’est une question de rayonnement de la marque parce que Paris c’est Paris quoi, qu’on le veuille ou non

MD : On est dans un pays très centralisé autour de Paris c’est pour ça que des fois j’ai des groupes en tournée, s’ils ont une date à me donner en France ça va être à Paris et pas ailleurs. Pour un festival c’est limite logique de ne pas être à Paris puisqu’on ne peut pas faire de festival à Paris. Il n’y a pas les espaces, il n’y a pas tout ce qu’il faut, jamais le Hellfest tel qu’il existe à Clisson aujourd’hui n’aurait pu se faire en Ile de France. Il n’y a aucun terrain qui aurait pu permettre ça, avec les soutiens politiques en plus qu’ils ont eus au début, avec Patrick Roy à l’époque, c’était inenvisageable en Ile de France. Donc que le Hellfest ne soit pas parisien c’est tout à fait normal. J’ai des confrères qui essaient de faire des festivals à Paris, c’est bonne chance à eux ! mais après pour le concept d’un bar / resto / shop, Paris était le choix évident. Et c’est là où on apprend le plus, c’est là qu’on a le plus de visites, parfois étrangères – il y a des gens qui viennent d’autres pays à Clisson pour le festival, qui sont de passage à Paris et qui redécouvrent le festival par ce lieu. Maintenant on va bientôt fêter nos un an, on va voir comment tout ça tourne et puis on verra au bout de quelques mois d’exploitation si jamais on peut le faire à Lyon, à Lille, à Nantes … mais ce sont des villes plus petites, il y a moins de monde, ce sont des modèles économiques différents. Paris c’est là où les fonds de commerce sont les plus chers, ou l’immobilier est le plus cher, ou toutes les charges sont les plus chères donc c’est là où vous allez trouver la bière la plus chère mais peut-être qu’on arrivera un jour à faire fonctionner ça en province. Comme c’était complètement nouveau, il n’y a jamais eu un bar shop à l’effigie d’un festival dans le pays, on ne pouvait pas ouvrir celui-là et un mois après en faire un autre. Il va nous falloir du recul et on verra

LR : En plus l’idée ce n’est pas de faire une franchise. Ici ça marche parce qu’on s’en occupe tous les jours. Il faut trouver des personnes dans les villes qui s’en occupent, qui ont le réseau, parce qu’ici mine de rien on a fait venir plus de 80 artistes depuis qu’on a ouvert, sans parler de tous ceux qui viennent en off et qui sont relativement nombreux aussi. Et c’est ce qui fait vivre le lieu donc ça ne peut pas se faire out of the blue comme ça. Il faut trouver l’équipe. Et le lieu ne peut pas être le même, la déco ne peut pas être la même. Il faut tout re réfléchir sinon ça perd son âme, même si les équipes déco seront forcément les mêmes vu que ce sont celles du Hellfest.

AG : Vous avez parlé plusieurs fois du shop qui effectivement est absolument exceptionnel. Il propose des produits qui sont très rares, des vinyles, des livres, des fringues … il y a plein de choses ! comment avez-vous mis ça en place ? et était-ce l’idée dès le départ de faire un shop ?

MD : Oui il n’a jamais été question de faire des concerts ici et, comme le bar est assez grand en haut, très vite l’idée du shop est venue. Après c’est un boulot au quotidien, c’est des relations fournisseurs, et puis Laurent trouve toujours le truc que les autres ne trouvent pas, c’est une culture aussi

LR : Sur les disques j’ai un certain avantage, c’est de très bien connaître le métier de distributeur, au niveau européen en plus, donc j’ai déjà fait des trucs en Allemagne, en Norvège, il y a même des choses que j’ai fait venir du Japon en direct. Sur les livres c’était plus facile paradoxalement, la seule chose c’est d’avoir le courage de les référencer, mais c’est vrai qu’un bouquin qui s’appelle « Black métal et art contemporain » ce n’est pas évident à vendre à la FNAC. Pourtant ça existe, c’est édité, il suffisait juste de le référencer, c’est aussi bête que çà. On a bien évidemment tous les projets du Hellfest et alors là pour le coup c’est archi facile (rires) et on travaille également avec d’autres marques en ayant la véritable volonté que ce soient des marques françaises. Par exemple Hyraw, Crève, Radio Métal (qui est un média mais qui développe aussi du livre et du t-shirt), et ce n’est pas du tout dans un but patriotique ou autre, mais c’est qu’on a une scène et des acteurs en France qui font des choses très bien et que beaucoup de pays pourraient nous envier, et que j’aimerais promouvoir dans les rencontres. C’est sûr qu’il y a Megadeth qui sont venus, et que si demain Bruce Dickinson ou Mayhem veulent venir on les accueillera avec plaisir et joie, mais moi je cherche surtout à bosser la scène locale. Parce qu’on a actuellement une scène locale – et je pense que les métalleux français ne s’en rendent pas compte – unique ! Dans quel autre pays on va retrouver un Alcest, un Perturbator, un The Great Old Ones, toute la scène post black aussi ! et cette scène il faut en être fiers, et il faut la porter surtout. Donc nous, si on peut apporter notre minuscule petite pierre à l’édifice, tant mieux ! On n’aura jamais l’importance d’Hélène, par contre, qui les programme tous au Hellfest (rires) mais en tout cas on essaie

AG : Le shop on l’a dit est absolument exceptionnel. Est-ce que ça se reflète aussi dans la gamme des alcools ?

LR : Oui. Sachant que j’ai toujours en tête cette envie de faire la cave à vin du manager de Metallica et de mettre à la carte un Petrus 57, un Yquem 48, des bouteilles à 50000 euros, ce qui m’amuserait énormément … et en plus ça ferait énormément parler et ce serait drôle

MD : A l’ouverture on s’était dit que ce serait bien d’avoir 6 ou 7 belles bouteilles. De toute façon le vin ça se garde

LR : Et comme ça on aurait été obligés de les boire à un moment !

MD : On n’a pas encore été là-dedans, on teste une carte des vins avec Philippe Jamesse, un sommelier qui a officié au Domaine des Crayères à Reims, qui est un étoilé, qui nous a fait une belle sélection. Et je crois que ça commence à se savoir dans le quartier qu’on a une belle carte des vins, ce qui n’est pas toujours le cas dans les bars rock

LR : Sachant que pour lui c’était rigolo car il est habitué aux gastros

MD : Il vient du 3 étoiles Michelin, c’est un autre monde !

LR : Et c’est quand même l’expert international du champagne ! Je lui ai dit que je préférais du bio, parce qu’aujourd’hui ça me semble une hérésie de ne pas faire du vin bio, que je voulais telles et telles appellations et régions, et que je ne voulais pas une seule bouteille qui soit à plus de 30 euros en prix public. Et il nous a trouvé le truc !

Et là on a commencé à faire les coups de cœur du mois. Mais c’est compliqué de parler aux vignerons car c’est comme les artistes en fait, ils ont des agents ! donc tu parles avec eux en direct et ça finit toujours par : Mon agent va t’appeler. Et là tu attends que l’agent t’appelle … C’est drôle cette similitude avec le monde de la musique.

MD : On a aussi fait attention aux alcools forts, on ne voulait pas de Bacardi et on a des bons rhums, on a une super équipe au bar qui nous fait des cocktails …  Le truc c’est que le Hellfest c’est le festival 5 étoiles en Europe donc quand on fait un lieu à l’effigie du Hellfest on ne peut pas avoir un mauvais vin, ou un mauvais cocktail ou un mauvais alcool … et si jamais vous n’avez pas aimé il faut le dire ! parce qu’il n’y a rien de pire que la clientèle qui repart sans rien dire. A priori c’est passé par notre filtre et c’est bon parce qu’on s’y connaît, et on a vraiment fait attention à çà car on ne peut pas associer le Hellfest à une mauvaise bouteille. Et même quand vous allez sur le site du festival, on voit tous les efforts qu’à fait le Hellfest sur le food court par exemple. Notamment sur l’édition 2019 ou ils ont rénové tout le coin restauration. On peut bien manger au Hellfest, et on ne peut pas proposer quelque chose ici qui ne soit pas à la hauteur. Donc c’est du boulot mais comme on aime bien bouffer et boire, ce n’est pas très compliqué ! (rires)

LR : On va étoffer la carte avec cette difficulté basique – parce que j’ai essayé de proposer de la soupe de melon avec un granité tomaté – et ça marche vachement moins bien que le hot dog et le hamburger !

MD : On n’est pas vraiment un restaurant non plus, on n’a pas quinze tables, ….

LR : Mais ce qu’on veut c’est que ton hamburger ou ta poutine ou ton hot dog, ils soient bons, déjà

AG : Et c’est la réputation que ça commence à avoir. Il y autre chose aussi qui marque vraiment le bar, c’est l’ambiance. Je crois que tous les gens qui sont venus savent que c’est chaleureux, convivial. Bien sûr c’est lié à l’équipe …

LR : C’est lié aussi aux gens. Cad que j’adore les commentaires parfois … Il y a de gens qui viennent en famille avec des enfants, mais c’est plutôt vers 16h – et je trouve ça super cool de voir des enfants qui viennent avec leurs parents. Mais il y a des gens qui sont venus en famille un samedi à 14h et qui ont écrit : pas ouf l’ambiance … Mais mec on est samedi et il est 14h, tu t’attendais à quoi, enfin ? L’ambiance c’est aussi les gens qui la font. Et on a la chance d’avoir de plus en plus une clientèle d’habitués, et des gens cool. Ce que j’aime bien ici, et que j’ai finalement vu dans assez peu de bars, c’est que les gens se parlent très naturellement. Cad que les gens sont en interaction aussi rapide qu’au festival. Tu peux te pointer tout seul, tu ne passeras pas la soirée tout seul et ça on n’y est pour rien, c’est les gens qui le font

MD : On a essayé de créer un lieu chaleureux. C’est sûr que si on avait juste peint les murs en noir et écrit Hellfest devant, je ne suis pas certain que cela aurait suffi à créer une magie autour du lieu. Le lieu, il faut aussi les gens s’y sentent bien, et que nous aussi on s’y sente bien quand on y bosse. On a passé quasi 8 mois de travaux pour faire un lieu qui ressemble au Hellfest. Donc même si en ce moment avec le covid, on a le droit d’avoir une terrasse et qu’on a des petites tables dehors, il n’y a aucune déco dehors et rien qui rappelle le Hellfest à part la devanture, il faut quand même que tous ceux qui viennent ici, qu’ils connaissent ou pas le festival, puissent découvrir le Hellfest dans ce lieu. Donc tout le travail qui a été fait mène à ce côté chaleureux. Mais oui ce sont les gens qui font l’ambiance

LR : Pour moi on a évité un accueil qui me faisait peur : c’est qu’on devienne un lieu trendy. Que ce soient des gens vraiment coupés de la scène qui trouvent l’endroit « trop cool » mais en fait ce n’est pas du tout le cas. Par contre on a de plus en plus de gens curieux qui ne sont pas du tout dans le métal qui viennent. Etonnamment, Laurent Bouneau, qui est le patron de Skyrock, est venu passer une soirée ici. En ce moment tu as le patron de l’Adami qui est là. Le boss de Sony Music Classical est venu … et ces gens passent un bon moment. Le responsable costumes de Disney aussi, qui n’est pas du tout métalleux, est passé. Je ne pense pas qu’il le soit devenu aujourd’hui mais en tout cas sa perception de la scène et de ses acteurs a forcément changé. Et c’est ce que je trouve intéressant aussi. Je ne suis pas pour une normalisation du metal, surtout moi qui suis plutôt black métalleux, mais en même temps je suis assez favorable à l’idée de casser le cliché du métalleux gros bœuf qui montre son cul, même si c’est très drôle et qu’on l’a sans doute tous fait à un moment ou un autre.

MD : Je crois que Quotidien ils ne sont pas venus encore !

LR : C’est une bonne remarque ! En même temps on a beau dire, Quotidien a été le premier media télé de masse à parler du Hellfest, et même si ça donnait une image déformée des métalleux – bien que ce soit aussi une image qui existe, n’oublions pas que le t-shirt qu’on vend le plus c’est « libérez l’apéro » – ça a fait énormément pour le Hellfest en termes de notoriété.

MD : En plus là c’est une année particulière, il n’y a pas eu de festival, donc ce n’était pas le but au départ mais je pense que malgré tout ça a peut-être comblé un manque pour une partie des festivaliers, pour une partie du Cult aussi qui vient de temps en temps ici (NDLR : Le Cult est le fanclub du Hellfest). Je suis certain que quand le festival aura lieu à nouveau les gens vont revenir ici avec tout un tas de souvenirs dans la tête et reparler de tout çà. Mais cette année est quand même très bizarre, on peut difficilement occulter çà. C’est vrai qu’entre les gilets jaunes, les grèves des transports, le confinement en mars, le déconfinement qui n’en a pas vraiment été un …. là on est mi-septembre et Paris commence seulement depuis une semaine à être à peu près occupé ! C’était très vide depuis le mois de mars donc c’est quand même vraiment une année particulière et on ne peut qu’espérer que cette année soit une année « normale » et je pense qu’il y a plein de gens qui n’ont pas pu venir depuis l’ouverture et qui viendront

AG : Comment on appréhende une catastrophe économique pareille ? parce que Laurent, en gros tu as ouvert le 25 novembre, le 5 décembre il y avait les grèves des transports, le 17 mars suivant le confinement ….

LR : Disons que même si on les maudits à certains moments, tu bénis les banquiers qui te font confiance, tu te dis que tu as de la chance d’avoir les reins solides – Matthieu les a aussi. Après on n’est pas milliardaires non plus mais on a des parcours qui inspirent relativement confiance aux financiers. Maintenant il va falloir payer tout ça hein, donc comme tu dis on n’est pas sortis le cul des ronces ! mais bon c’est la vie. C’est vrai qu’une année aussi maudite c’est exceptionnel.

MD : On n’est pas les plus à plaindre. On a vécu un truc qui pour tout le monde est la même chose. Alors j’entends que des gens pensent à quitter Paris, aller peut-être vivre à la campagne mais on ne va pas faire un Hellfest Corner dans chaque bourgade d’Ile de France, de Normandie et de Loire… Je pense qu’on vit une une crise passagère et puis ça reviendra. On ne peut pas venir ici le soir en pensant qu’on est partis pour vivre quelque chose de différent. Il faut être patients. Mais bon on est quand même très rassurés par le fait que l’ouverture s’est très bien passée. On avait un peu peur à l’ouverture, et la préfecture de police surtout nous a fait peur, car pour les autorités c’était un peu « le Hellfest vient à Paris » et comme le Hellfest c’est 60000 personnes par jour, à la limite les autorités ont eu peur que 60000 personnes débarquent rue Quincampoix. Donc il a fallu un peu calmer tout ça, c’est pour ça qu’on a fait un système de réservations gratuites la première semaine pour fluidifier un peu tout ça

LR : Et pour roder la machine, aussi, parce que quand tout le matos est neuf tu ne sais pas …

MD : Ça s’est quand même bien passé mais bon on n’a pas pu en profiter jusqu’à l’été, on a été un peu coupés dans notre élan en mars mais ça c’est comme tout le monde

AG : Vous avez des idées spécifiques pour relancer un peu l’activité, pour redonner aux gens l’envie de venir ?

LR : On a des évènements récurrents. Ce soir on reprend le blind-test avec des places pour le Hellfest à gagner, il y a d’autres choses qui vont arriver, des rencontres … Putrid Offal vient jeudi, Benighted va venir aussi … je ne sais pas si on a tout annoncé mais il y a beaucoup d’artistes qui nous soutiennent …

MD : Deep Purple devait venir mais avec le confinement ils n’ont pas fait de promo sur leur album donc ils sont restés chez eux, c’est normal. On a été coupés dans notre élan mais il faut se battre pour que l’activité reprenne parce que je trouve qu’en ce moment il y a quand même beaucoup de restrictions et donc il faut qu’on puisse réussir à revivre normalement et puis ça reviendra, je ne suis pas inquiet

AG : Alors comme moi j’ai une nature très optimiste je pense que le Hellfest aura lieu en 2021. Est-ce qu’on peut espérer qu’il y aura un espace Hellfest Corner ou quelque chose qui nous rappellerait le Hellfest Corner sur le site du Hellfest ?

MD : Ça c’est une question qu’il faut poser à Ben ! Je n’ai jamais pensé à ça !

LR : C’est marrant, moi non plus ! Ça ne m’est jamais venu à l’esprit car c’est plutôt le Hellfest Corner qui rappelle le festival.

MD : Mais peut-être qu’on fera quelque chose au Metal Corner, je ne sais pas … je t’avoue que je suis un optimiste aussi mais il y a quand même encore de l’incertitude sur 2021. Donc réglons çà d’abord et puis quand on aura, pas la certitude car on ne l’aura jamais, mais quand on aura ouvert la voie pour faire ce festival on aura tout le premier semestre de 2021 pour y penser. Mais pourquoi pas oui, ce serait drôle

LR : Tu t’en occupes !! (rires)

AG : Merci beaucoup à vous deux, et bon courage pour la suite. On va prendre une bière là non ?

MD et LR : Merci à toi. Oui, on y va !

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Amdusias

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Publié le 24 septembre 2020
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Nous avons parlé avec Laurent Rossi et Matthieu Drouot, cofondateurs du bar Hellfest Corner à Paris

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