Interview disponible en anglais.
Pour la sortie imminente de l’ep “Decennium Ruinae”, fêtant les 10 d’existence du groupe, Ars Goetia s’est entretenu avec le frontman Ben Wright.
Ars Goetia : Si quelqu’un écoute votre musique pour la première fois, à quoi peut-il s’attendre ?
Ben : Il va vivre une expérience agressive, émotionnelle et intrigante. En l’espace d’un instant, notre musique passe d’un groove brutal à une approche à la technicité plus complexe, puis elle va frapper l’auditeur en plein visage avec un beatdown à briser les os ! Chaque chanson est un voyage qui change continuellement de direction.
AG : Quelle a été l’impulsion de la formation de ce groupe il y a onze ans ?
B : Dan et Rob (Embryonic Depravity) voulaient créer un groupe de brutal death metal avec un son plus large, ne se limitant à aucune influence ou façon de créer de la musique. D’où la signification du nom du groupe “An Indecipherable kind of destruction”. Ce fut la principale motivation pour créer Unfathomable Ruination.
AG : Le line up semble être solide depuis 2014. Il y a deux ans, Jake Law, de Fleshrot, vous a rejoint à la guitare basse. Peut-on dire qu’Unfathomable Ruination est la continuité de Fleshrot ?
B : J’ai formé Fleshrot en 2003. Avec le groupe, nous avons eu un bon parcours et nous nous sommes fait des amis incroyables au cours des tournées. Dan a quitté Fleshrot pour poursuivre son projet (UR) et quelques années plus tard, il m’a demandé de le rejoindre dans UR. Jake a toujours été un de nos amis proches, c’était donc naturel qu’il finisse par rejoindre le groupe. Je dirais que c’est là que se termine la relation entre Fleshrot et UR, nous avons tous pris part à Fleshrot à des moments différents les uns des autres.
AG : Quel est le concept de votre musique et qu’est-ce qui vous inspire ?
B : Nous avons tous un spectre très large d’inspiration, d’influences et d’idées. C’est de là que vient, je crois, notre approche unique du Death Metal. Nous apportons tous notre propre saveur et la mettons dans le pot commun ! Notre concept a tendance à être lié au contenu lyrique du moment, qui change selon ce que je ressens à ce moment-là. Par exemple, le concept de “Finitude” est axé sur la psyché humaine et son incapacité à vraiment comprendre le néant et la possibilité que les choses soient sans fin ; c’est quelque chose qui nous fascine. Ross et moi avons travaillé ensemble pour rassembler un maximum d’idées pour écrire les paroles de cet album. Alors qu’avec « Enraged & Unbound », le thème est plus personnel. Une grande partie des textes couvrent mes propres expériences et luttes avec ma santé mentale. Pour notre dernier album “Decennium Ruinae », ce n’est pas seulement une célébration du 10ème anniversaire du groupe (initialement prévue pour 2020, merci Covid) c’est encore une conception différente au niveau des paroles.
AG : Peux-tu nous expliquer comment tu écris tes chansons ?
B : Nous avons tendance à écrire la majorité de nos chansons en ligne, nous partageons nos idées et nous créons des démos brutes que nous enregistrons chacun chez nous (même avant la pandémie). Une fois que nous avons quelque chose de relativement solide, nous nous retrouvons en studio et nous bloquons les idées ensemble, nous coupons, changeons et prenons des morceaux de nos travaux respectifs jusqu’à ce que nous créions une chanson.
AG : Une démo, deux ep (avec le prochain), trois albums; y a-t-il un lien entre ces différents matériels ? Comme une trilogie par exemple pour les LP ou chacun est-il indépendant ?
B : Chaque disque est différent. Ils sont le reflet de nos vies à ce moment-là, chacun d’entre eux marque l’évolution du groupe, notre développement personnel. Il représente une étape importante de notre désir constant de progression. Il n’y a que très peu ou pas de liens thématiques entre chaque album. Cela pourrait changer pour notre prochaine sortie, vous pourriez peut-être voir une continuation de notre dernier EP… qui sait.
AG : Depuis le début d’UR, vous avez l’habitude de sortir un nouvel album tous les deux ans, pensez-vous que c’est important d’avoir toujours quelque chose de nouveau à offrir à vos fans ?
B : C’est super important pour nous de continuer à fournir du nouveau matériel aux fans, nous aimerions sortir quelque chose tous les ans ou même tous les 6 mois ! Mais nous prenons le processus d’écriture très au sérieux et nous nous assurons que ce que nous sommes sur le point de sortir est à l’apogée de ce que nous pouvons faire à ce moment-là, et il se trouve que la moyenne est de deux ans, haha ! Ce schéma peut changer, mais la musique progressera TOUJOURS, chaque sortie étant une évolution de la suivante.
AG : Le 28 mai sortira votre nouvel Ep ” Decennium Ruinae “. A quoi pouvons-nous nous attendre ?
B : Vous pouvez vous attendre, comme d’habitude, à une autre progression de notre dernière sortie, des riffs plus lourds, plus rapides, plus agressifs, des voix plus méchantes et des chansons qui vous feront appuyer sur le bouton de répétition pour en avoir plus ! Comme vous le savez déjà, il y a un ré-enregistrement complet d’un des morceaux favoris du public, mais les trois nouveaux titres sont quelque chose à quoi vous ne vous attendez pas.
AG : Quel est le concept ?
B : L’influence directe de cet ep provient de l’un de mes principaux centres d’intérêt, l’histoire de Warhammer 40000, en particulier le dieu/démon, Nurgle. Cette passion pour ce jeu m’a sorti de périodes extrêmement sombres, la communauté qu’il y a derrière est incroyable et je voulais commémorer cela à travers ma musique.
AG : Est-ce que la pandémie vous a motivé pour écrire des chansons ?
B : La pandémie nous a tous énervés. Ce qui est un excellent carburant pour écrire de la musique extrême ! Le concept était déjà déterminé avant que la Covid ne frappe, donc les paroles s’y rapportent parfaitement (mais sans le vouloir).
AG : La situation était très difficile dans votre pays, un confinement extrême, comment avez-vous fait pour travailler sur cet ep et pour l’enregistrer ?
B : Heureusement, comme je l’ai dit auparavant, notre processus d’écriture n’a pas été affecté du tout pour être honnête. Nous n’avons pas eu le luxe de pouvoir répéter ensemble autant que nous l’aurions voulu (beaucoup d’idées existaient avant le confinement). La partie d’enregistrement a été un défi mais cela nous a juste poussés à trouver des alternatives. Toutes les guitares ont été enregistrées via des installations domestiques améliorées et envoyées à notre producteur, Sam Turbitt. Dès que les règles du confinement se sont assouplies, nous avons agi aussi vite que possible pour que Doug et moi-même puissions entrer en studio pour enregistrer la batterie et le chant. Nous avons eu de la chance, mais ce ne fut pas facile !
AG : Quatre chansons intenses et lourdes pendant près de 20 minutes, qu’en est-il des paroles ?
B : Les paroles (sauf le ré-enregistrement) sont toutes inspirées par le dieu de la peste, Nurgle. C’est un personnage fictif de l’histoire profonde d’un jeu de plateau appelé Warhammer 40000. J’aime ce jeu depuis mon enfance et après une longue période sans jouer, je m’y suis remis. Comme je l’ai dit précédemment, j’ai utilisé ce jeu comme un radeau de sauvetage pendant des périodes assez difficiles et je voulais vraiment immortaliser cette phase de ma vie, d’où la corrélation directe avec mes paroles. J’adore l’histoire de 40000 et Nurgle est de loin mon personnage préféré, un dieu de la peste démoniaque qui trouve sa joie dans la pourriture ! Tellement brutal !
AG : Quelle est la signification de la pochette ?
B : Comme tous les amateurs de 40000 le savent, les créateurs sont FERMEMENT protecteurs de leur propriété intellectuelle et à juste titre. Malheureusement, le groupe n’était pas actif à l’époque où les créateurs de Warhammer avaient un label et accordaient des licences directes à des groupes comme Bolt Thrower et Saxon. J’ai donc demandé à un artiste populaire spécialisé dans les œuvres de style Warhammer de me dessiner quelque chose qui montre l’inspiration derrière la musique, mais sans copier directement les thèmes de Warhammer. Les gars sur le devant nous représentent en fait ! Envoyez nous vos réponses au dos d’une carte postale si vous pensez savoir qui est qui ! !!
AG : Parlons des pochettes de vos albums. Elles sont toutes très différentes. Travaillez-vous avec le même artiste ?
B : Nous avons choisi un artiste différent pour chacune de nos sorties. Pour nous, l’artwork est tout aussi important que la musique et doit lui être connecté. L’artiste que nous choisissons est celui qui, selon nous, représentera le mieux notre musique à ce moment-là. Par exemple, Eliran Kantor est l’un des plus grands, il capture tellement d’émotion et de mouvement dans son travail. Nous avons convenu qu’il était le meilleur pour capturer le thème derrière “Enraged & Unbound”. Ross, notre guitariste, par exemple, avait des idées parfaites pour “Idiosyncratic Chaos”, il était donc l’artiste idéal pour créer la pochette.
AG : En quoi la pochette est-elle importante pour vous ?
B : La pochette fait autant partie de l’album que la musique, c’est le “visage” du produit. C’est ce qui va contribuer à la publicité et à la diffusion de l’album. Pour nous, elle doit donc être en rapport avec la musique à plusieurs niveaux. Le travail d’Eliran pour Enraged, par exemple, comporte un dessin de chaque chanson de l’album sur la couverture.
AG : Comment travaillez-vous avec l’artiste pour concevoir la pochette ?
B : Nous envoyons tout à l’artiste, les paroles, le concept, les démos et une idée très approximative ou un croquis de ce que nous envisageons. Mais comme l’artiste est choisi avec beaucoup de soin, sa contribution est aussi importante que la nôtre. Nous essayons donc de ne pas donner TROP de directives et de lui faire confiance quant à sa créativité. Je ne vois pas l’intérêt de commander à un artiste extraordinaire et de le forcer à faire une copie conforme de ce que j’ai imaginé. Je veux qu’il se sente libre et qu’il y mette tout son cœur.
AG : Avec la sortie de cet ep, prévoyez-vous un live streaming ?
B : Au fur et à mesure que les restrictions tombent ici au Royaume-Uni, nous allons certainement envisager une sorte de performance en direct, c’est certain.
AG : Que pensez-vous de cette nouvelle vague de spectacles (beaucoup de groupes le font depuis la pandémie) ?
B : C’est un bon moyen de contourner le problème, bien sûr. Mais pour moi, l’énergie et l’électricité qui émanent d’un public en direct sont impossibles à égaler. L’idée de jouer devant une salle vide est vraiment étrange, je me nourris de l’énergie que me donne la foule et j’aime interagir avec elle. Ce sera une sensation vraiment étrange de jouer devant quelques gopros….Mais s’il y a une demande des fans pour que nous le fassions, je ne voudrais pas leur refuser ça. Mec, les premiers concerts qui vont reprendre vont être complètement fous. Je n’en peux plus d’attendre !!!
AG : Est-ce que cet ep annonce un nouveau LP dans quelques années ?
B : Il y aura certainement un LP dans quelques années… Peut-être plus tôt que deux ans, nous verrons !
AG : Avez-vous du matériel, avez-vous prévu une sortie ?
B : Nous avons toujours du matériel, nous écrivons toujours, nous grandissons toujours en tant que groupe. Il n’y a pas encore de calendrier établi. Restez à l’écoute !
Merci Ben pour cet échange et à bientôt sur scène j’espère !
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