Pour la sortie du septième album du groupe de blackened death français Otargos, intitulé “Fleshborer Soulflayer”, Anibal Berith a eu le plaisir d’échanger avec le leader du groupe, Ulrich Wegrich, au sujet du groupe, de ce nouvel album et des autres projets du guitariste frontman.
Septième album « Fleshborer Soulflayer », qu’est-ce qui a motivé cette envie de revenir sur le devant de la scène du metal extrême avec Otargos ?
Pour diverses raisons, nous sommes restés un moment sans rien faire avec Otargos. C’était un moyen pour nous de faire autre chose, de nous consacrer à d’autres projet, de prendre l’air par rapport à l’univers Otargos. Ca nous a permis de faire une pause. Nous n’avions pas fixé vraiment de reprise avec le groupe et lorsque nous nous sommes repenchés sur cette reprise, nous avons réalisé que nous étions proches de l’anniversaire des 20 ans. C’est ce qui nous a remis le pied à l’étrier et nous a donné envie de préparer cet album pour marquer l’événement.
J’ai commencé à composer en 2019 afin d’être dans les temps et puis il y a eu la pandémie qui a retardé la sortie du disque qui était prévue au printemps dernier.
Tu évoques la pandémie qui a retardé le projet de sortie; avez-vous profité de cette période pour revoir quelques chansons, peaufiner certains détails, affiner la production ?
Non, pas vraiment car tout était prêt pour la sortie. Le rendez-vous au studio était fixé, la date de la sortie de l’album également donc non, cette période n’a rien valorisé quant à la composition de l’album.
En revanche, nous avons été obligés de travailler différemment puisque l’accès au studio n’était plus possible. Par exemple, c’est moi qui ai fait les prises de guitares en home studio. Et le reste au studio VAMACARA pour le mix et le mastering.
En définitive, c’est surtout l’enregistrement de l’album qui a été perturbé par cette période car nous ne pouvions pas nous voir du fait du confinement et qu’il a fallu nous adapter autrement.
Le fait de travailler de la sorte a du être un challenge à la fois pour vous et le studio ?
Oui et non car nous avions déjà bossé comme çà avec VAMACARA par le passé. Je ne sais plus si c’était pour Otargos ou pour Volker, mais nous avions enregistré le chant et la batterie sur Bordeaux au studio du guitariste de Gorod, puis les guitares ailleurs et tout avait été mixé au VAMACARA donc travailler ainsi n’était pas une nouveauté pour nous. Donc, là, c’était pas la technique de l’enregistrement qui été compliquée mais davantage la possibilité de se retrouver pour bosser certains trucs ensemble et avoir de la réactivité.
Ce qui nous a donné un certain confort est le fait je suis le compositeur principal et que je gère presque tout. Ca a permis de centraliser la plupart des choses et d’éviter que ce soit un gros bordel durant la phase de composition. Le groupe est éclaté entre Paris, Bordeaux et Toulouse, nous avons donc l’habitude de bosser à distance et heureusement; on n’a donc pas été déstabilisés par la situation sanitaire pour travailler.
Le fait que tu parles de travail à distance m’amène à te poser cette question. Arrivez-vous à capter, à générer la même énergie que lorsque vous travaillez ensemble physiquement, et quid de la préparation des live ?
Quand on reprend les concerts et les setlist particulières à travailler, on tâche de se retrouver. On pourrait bosser chacun de notre côté mais il y a quand même des choses à organiser ensemble et en présentiel; comme les mises en place de certaines choses, les postures à tenir, la mise en scène que l’on souhaite produire etc…
Venons-en à l’album maintenant, « Fleshborer Soulflayer » disponible dès le 10 décembre via le label XENOKORP. La première écoute m’a carrément défoncé la tête (rires…). C’est très violent, plus que « Xeno Kaos ». Qu’est-ce qui t’ a inspiré cette violence et cette énergie dans la composition ?
Il y a une chose qui a motivé cette violence, c’est la présence de notre nouveau batteur, Michael Martin, qui est habitué à jouer avec une grosse intensité. Quand il a intégré le groupe, tout était prêt. Lorsque je compose, je fais des programmations simples de batterie mais un truc qui sonne, c’est de la pré-production et tout était calé. On lui a donc envoyé nos « pré-prod » et il a arrangé ses trucs de son côté pour mettre sa touche personnelle. C’était pendant le confinement et quand il nous a envoyé ses trucs retouchés, on était sur le cul ! On lui a envoyé l’album enregistré et on lui a donné carte blanche. Il a pris son rôle très au sérieux et il a mis un coup de boost incroyable au disque par rapport au « pré-prod ». Il a un jeu brutal et ça nous a tirés vers çà pour finaliser l’album. Voyant çà, ça m’a obligé à retravailler certains morceaux dans un esprit de quasi « no limit » alors autant y aller (rires…)
Comment s’est faite la rencontre avec Michael ?
C’est notre bassiste, Manu, qui l’a contacté. En fait, il avait déjà eu cette démarche il y a un moment mais Mika n’était pas disponible. Il jouait déjà pour Fleshdoll et Blood Ages. Et quand, John, notre ancien batteur, a quitté la formation, le retour de Mika dans le casting s’est fait un peu par hasard et ca a matché car il était dispo. Le courant est bien passé entre tout le monde. Il était hyper motivé par le projet et tout s’est fait naturellement.
Quel est le concept du disque ?
C’est pas vraiment un concept mais plutôt un univers. Comme pour « Xeno Kaos », tout est inspiré de « Warhammer 40 000 ». C’est une succession de batailles et de dévastations. Je vois beaucoup le disque comme une bande son de film et que çà puisse inspirer des images.
Peux-tu nous parler de la pochette de l’album ?
Elle a été réalisée par notre bassiste, Manu, tout comme celle de « Xeno Kaos » et pour des raisons simples. Par le passé, nous sommes déjà passés par des illustrateurs, on n’a pas eu de mauvaises expériences mais à un moment donné c’est figé. Difficile de dire à l’artiste de tout recommencer une fois qu’il a bossé dessus durant des semaines du coup c’est plus simple et plus efficace de bosser avec quelqu’un du groupe lorsque c’est possible et qui aime faire çà, et c’est le cas de Manu. On gagne du temps et çà correspond précisément à ce que l’on veut tous.
Pourquoi le choix de « Incursion of Chaos » pour le titre promotionnel ?
C’est le titre qui résume bien le groupe et l’album. Celui qui nous semble le plus adapté pour correspondre à cette démarche. C’est un titre traditionnel de l’univers Otargos. On y trouve de la violence, des passages ambiants, tout en restant globalement percutant.
Parle nous de la réalisation du clip.
En réalité, il a été réalisé un peu en catastrophe. On a renouvelé notre expérience avec la boîte VAN ESPEN STUDIO avec qui nous avions bossé pour les clips de Volker. Compte tenu toujours de la période de confinement, on n’avait pas une grande fenêtre de tir pour travailler. On a du bosser énormément en post-prod et on a calé la réalisation sur une seule journée afin de pouvoir être tous présents. Ce qui est dommage, c’est que la levée de confinement s’est faite peu de temps après et que nous aurions pu le réaliser moins dans l’urgence mais on ne pouvait pas savoir… Il fallait prendre une décision et on ne voulait pas décaler la sortie de l’album.
Avez-vous quelques dates de prévues pour 2022 malgré une situation sanitaire toujours incertaine ?
Oui, nous avons déjà des dates pour avril pour laquelle nous attendons quelques précisions. Nous avions des dates européennes dans les tuyaux mais tout est en stand-by. Nous avons d’autres trucs très sympas qui devraient se faire mais comme rien n’a été annoncé de façon officielle, je ne peux pas t’en dire davantage.
Parlons maintenant de tes projets parallèles. Volker, c’est terminé. Personnellement j’ai beaucoup aimé ce projet et j’ai trouvé audacieux que vous soyez sortis de votre zone de confort.
Oui, Volker entrait complètement dans notre idée de prendre l’air par rapport à Otargos et notre besoin de faire autre chose. C’était important pour nous de jouer d’autres trucs. En revanche je suis sur Blod, ce projet que j’ai avec ma femme. Rien à voir avec le reste puisqu’on est plus sur du Doom.
Oui, Blod, j’allais y venir. Parle-nous-en plus.
C’est un duo avec ma femme. On a sorti le second album en février dernier. A cause du confinement, on a du reporter nos projets. On envisage de faire des concerts et, pour le coup, nous avons décidé d’avoir une formation scénique de « vrai » groupe avec un batteur et une bassiste puisque nous avons Jenny.
Tu as une vie très chargée avec tous ces projets que tu mènes de front. Comment t’organises-tu ?
J’ai des périodes où je sature un peu au niveau musical, du coup, je me consacre à d’autres activités artistiques comme les vestes à patchs sur mesure par exemple. Ca me permet de prendre du recul sur ce que je fais, me changer les idées et revenir avec un esprit neuf.
En rapport avec le superbe t-shirt d’Iron Maiden que tu portes pour cette interview, j’imagine que tu aimerais faire la première partie du groupe britannique ? Plus sérieusement, s’il y avait un groupe renommé et avec qui une première partie est faisable, quel est-il ?
C’est pas évident de répondre car personnellement, je n’écoute que des vieux trucs, beaucoup de groupes qui ne tournent plus. De plus, je ne m’intéresse pas spécialement à l’actu Metal. Pour Otargos, je pense que je choisirais un groupe genre Behemoth pour bien coller à l’univers du groupe. C’est plus un choix judicieux qu’un choix de coeur. Si c’était un choix de coeur, ce serait Maiden, les Gun’s ou Bolt Thrower.
Un mot à ajouter ?
Notre release party le 11 décembre au Hellfest Corner ! Venez nombreux !
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