Comme vous le savez, passionné ou pas de concerts, de festivals ou autres événementiels, la pandémie semble inscrire une nouvelle page blanche à la suite d’une année où le monde artistique s’est arrêté d’oeuvrer en public le 15 mars 2020.
S’arrêter d’oeuvrer “en public” ne signifie pas “pour le public” si bien que l’année 2020 fut riche en sorties d’albums. Espérant tous pouvoir regagner nos salles sombres où sueur et bière coulent à flot, nous sommes nombreux à avoir boudé les live streaming florissants sur la toile au fil de l’installation, hélas, durable de la crise sanitaire.
Mais quoiqu’on en pense, c’est aujourd’hui la seule solution pour pouvoir assister à une prestation scénique et garder un lien social, certes à distance, entre tous les passionnés que nous sommes en attendant un retour à la normale où partage et accolades seront enfin redevenus notre moyen de communication.
Aujourd’hui samedi 23 janvier 2021, c’est au tour d’Asphyx de s’adonner à cet exercice bien difficile que de transmettre une émotion musicale au travers d’un écran sans l’euphorie et l’enthousiasme du public.
Jusqu’à présent, je peux dire que la plupart des groupes s’en sortent brillamment et ce fut le cas pour le quartette hollandais lors de cette première, destinée à promouvoir leur dixième album “Necroceros” sorti tout juste la veille via Century Media Records. Distribué en de nombreuses séries limitées vinyles et promu par trois vidéos officielles, Asphyx et son label ont clairement mis le paquet pour parler et faire parler d’eux et enfoncent le clou avec ce live streaming gratuit diffusé par la chaine Metro TV.
Un jeu concours pour gagner des goodies, du Merch à profusion, une cagnotte pour participer au financement de l’event, on ne peut qu’affirmer que le groupe, sous ses airs détendus, est très professionnel, comme le fut la prestation qui nous intéresse ici.
Je suis connecté à 20h45 pour une prise d’antenne annoncée à 21h00 précise, et Asphyx ne se fait pas prier en jouant la montre et ouvre son programme à 21h00 pétantes !
Artwork de “Necroceros” en plein écran, rapidement le groupe s’affiche en mode dilettante avec un enthousiasme débordant ! Ca fait tellement plaisir à voir que c’est rapidement communicatif à la vue des échanges qui se font sur le chat en direct.
Le premier quart d’heure est consacré à la présentation du disque et de son enregistrement par l’intervention humoristique des quatre personnes ayant dirigé la réalisation et la production de ce dernier. C’est avec dérision et bonne humeur que les interventions de chacun se succèdent au cours desquelles Asphyx se fait pourrir gentiment comme quoi il est infernal de bosser avec eux. Bien entendu, tout est remis à plat à quelques secondes du début du show où d’une voix commune, le professionnalisme des hollandais est salué ! On n’en doutait pas une seule seconde, il suffit d’écouter leur discographie pour s’en convaincre !
Point de surprise quant à la setlist puisque le choix a été fait de jouer l’intégralité de l’album. En revanche, Asphyx a pris très au sérieux cette retransmission puisque c’est sur une vraie scène que le quartette réalise sa prestation !
Le batteur, Alwin Zuur, surplombe le parterre par son imposant set positionné devant un backdrop géant à l’effigie du groupe et entouré de lights et de canons à fumigènes. Les trois autres membres s’installent devant lui vêtus comme des deatheux c’est-à-dire sans fioritures, un jean, un tish de groupe et des baskets ou bottes en cuir.
Pas de présentation, le noir est fait, seul le logo est mis en exergue dans une ambiance lumineuse verte à l’instar de l’artwork de l’oeuvre ; le quartette fait communion, immobile face au cadreur attaque son set sans se faire prier, exactement comme en vrai et c’est bien normal, car hormis le fait qu’il n’y a pas de public, c’est un vrai show, en direct, auquel nous assistons !
Plus de 1000 connexions pour profiter de cette performance qui a le mérite de mettre les télé-spectateurs rapidement dans l’ambiance dès les premiers riffs et paroles scandées sur “The Sole Cure Is Death”. Le son est parfait, organique, le tempo est sec et assommant, la précision d’exécution des riffs est incisive et le chant si remarquable du frontman ne peut que s’ajouter à l’exaltation déjà ressentie !
Comme dans la plupart de ce type de retransmission, la réalisation diffère de ce que l’on peut remarquer lors d’un enregistrement de live pour DVD. Trois cadreurs indépendants se partagent la tâche de filmer au mieux le spectacle en lui donnant un caractère intimiste et unique et en se mettant à la place des yeux du spectateur. Personnellement, je suis convaincu par cet exercice, difficile à réaliser car tellement subjectif ; le réalisateur s’en sort sans entraves et réussit efficacement la prouesse de jongler entre tous ses écrans pour en diffuser le meilleur et ainsi satisfaire l’assemblée.
Les artistes jouent le jeu naturellement. On sent que les musiciens entrent dans leur set avec aisance, en headbangant, en matraquant leur instrument respectif, en bougeant sur scène, jouant entre eux et avec la caméra pour rendre la prestation encore plus personnalisée !
Tous les deux à trois titres, Mark fait une courte pause pour remercier l’audience et indiquer le morceau qui va suivre. Un peu intimidé au départ, et rapidement avec aisance, sans abuser d’alcool puisque sa bouteille de 25cl fera tout le live !
Globalement, la performance évolue peu mais la joie et la communion du groupe apportent une vraie bouffée d’oxygène en cette période anxiogène. Les light vertes et rouges s’intercalent donnant de la chaleur aux titres qui s’enchainent sans faiblesse. Courte pause salutaire et noir complet juste après l’avant-dernier morceau de la tracklist de la galette ‘Yield or Die’ pour laisser place au mastodonte titre éponyme où le vert agressif, que l’on a pu observer sur le titre d’ouverture, se ré-invite sur un fond d’orage tropical.
Même posture statique, pas de lights blanches, quatre canons à flammes qui plombent encore plus l’atmosphère et du bon gros son bien lourd presque doomesque. C’est le pachydermique et dévastateur “Necroceros” qui annonce la clôture du show, interprété magistralement. Asphyx donne tout et sublime sa prestation par cette interprétation hors normes ! On ne joue plus, on ne s’amuse plus, on défouraille tout pour ne rien laisser d’indemne derrière soi ! Comme transcendé, le quatuor ne fait qu’un jusqu’à la note finale ! Impressionnant !
Dans la foulée nous assistons aux remerciements de rigueur, aux sollicitations bienvenues aux dépenses destinées au merch et à la participation financière volontaire au coût de l’événement ; puis les hollandais annoncent deux titres supplémentaires puisés dans leur discographie !
A la suite de près d’une heure effective de show et près de deux heures de retransmission, c’est reparti pour près de 20 minutes avant les “au revoir”.
C’est donc “The Rack” de l’album éponyme de 1991 qui est choisi !! Juste énorme ! Ca se déchaine sur le chat ! On peut presqu’entendre la foule en délire dans le pit tellement les riffs sont accrocheurs et le tempo dévastateur ! Asphyx est à fond et s’en donne à coeur joie à briser nos nuques ! Juste magiiique ! Du bon gros death old school âgé de 30 ans et n’ayant pas pris une ride ! Le concert se termine par le titre éponyme de “Last One on Earth” sorti en 1992 joué plus rapidement qu’en version originale studio et avec la même ferveur qu’à l’époque !
Très bonne prestation d’Asphyx qui donne à son public plus d’une heure effective de live mélangeant humour et professionnalisme. En attendant le retour dans les salles obscures pour faire l’amalgame au monde du spectacle en général, ce format de live streaming est très concluant et permet de patienter en attendant des jours meilleurs.
Setlist :
1. The Sole Cure Is Death
2. Molten Black Earth
3. Mount Skull
4. Knights Templar Stand
5. Three Years of Famine
6. Botox Implosion
7. In Blazing Oceans
8. The Nameless Elite
9. Yield or Die
10. Necroceros
11. The Rack
12. Last One on Earth
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