En cette période de pandémie ou, faute de concerts en chair et en sueur, les groupes s’adonnent presque tous au live stream, les norvégiens de VREID prennent radicalement un autre biais et décident de défendre leur nouvel et neuvième opus à travers un film.
Un film donc, qu’ils nous décrivent comme essentiellement Do It Yourself, réalisé avec les moyens du bord et l’aide d’amis et de leurs familles, même si ils se sont également appuyés sur le producteur de films Håvard Nesbø (qui avait déjà commis le live stream « In the Mountains of Sognametal » en 2020).
Et c’est ainsi que jeudi 29 avril à 21h, veille de la sortie de « Wild North West », je me retrouve fort curieuse devant mon écran.
La retransmission débute par quelques images de bambins inséparables qui tombent en grandissant dans le Rock n’ Roll et décident de monter un groupe de black. Ainsi naissent Ulcus et surtout le fabuleux Windir, dont l’ascension s’arrête brutalement avec la mort à 25 ans de son chanteur. A la suite de cela, les survivants décident que Windir ne sera plus et forment Vreid (“colère” en norvégien).
Pendant une vingtaine de minutes s’égrènent témoignages de personnages divers et série de questions. On découvre d’ailleurs que la France est un de leurs meilleurs publics et qu’ils ont hâte de jouer chez nous (et nous de vous voir les gars !)
C’est là aussi qu’on a la réponse à : « Pourquoi un film ? »
C’est Hvàll qui la donne. Et c’est imparable. « Et ben … pourquoi pas un film ? »
Voilà !
Même si on peut assister gratuitement à la diffusion, le public est encouragé à une donation selon ses envies et ses moyens et, pendant le chat, les membres du groupe s’émerveillent de recevoir de l’argent de pays dont il savaient à peine qu’ils existaient. Joli succès très international Messieurs !
A 21h30, le film en lui-même démarre. « Wild North West » est un concept album, relatant l’histoire d’un homme dont la vie bascule dans l’horreur et la folie, histoire parfaitement illustrée et mise en valeur à travers les images.
Avant chaque piste, son titre est annoncé, accompagné d’une petite phrase intelligemment choisie.
Le premier morceau, ‘Wild North West’ nous montre la vie simple et en communion avec la nature d’un homme heureux. Les paysages norvégiens sont superbes et collent parfaitement avec la musique.
Mais ce moment presqu’idyllique ne dure pas. Notre héros est rattrapé par la guerre dans toute son horreur, et la violence du deuxième morceau, ‘Wolves at Sea’, se déchaine.
Le corps de l’homme réchappe des combats, mais pas son âme. S’en suit au fil des pistes une longue descente dans les arcanes de la folie.
Les membres de Vreid jouent devant et dans l’hôpital psychiatrique désaffecté de leur ville, et s’en donnent à coeur joie pour illustrer la démence, dévoilant à ce propos des bons talents d’acteurs. L’association de la musique et des images fonctionne parfaitement, prend à la gorge et happe l’attention.
A noter pour la piste 07 un bel hommage à leur ami Terje « Valfar » Bakken, le chanteur de Windir décédé d’hypothermie à la suite d’une promenade en forêt, et qui avait jeté les premières idées de ce morceau. Vreid les a reprises, en a fait ‘Into the Mountains’ et y a inclus les pistes des claviers enregistrées en 2002 par Terje.
L’heure de diffusion passe à toute vitesse, servie par un son absolument excellent. Vreid a réussi son pari improbable. Bien au delà des live stream dont beaucoup, techniquement parfaits mais glaciaux, manquent cruellement d’âme, l’association des images à la musique apporte un énorme plus. Elle permet à l’histoire de prendre vie de façon concrète, elle illustre le concept, elle sublime la bande son, elle permet de s’immerger totalement dans l’histoire. Quelle réussite !
TRACKLIST :
01. Wild North West
02. Wolves At Sea
03. The Morning Red
04. Shadows Of Aurora
05. Spikes Of God
06. Dazed And Reduced
07. Into The Mountains
08. Shadowland
LINE-UP :
Jarle Hváll Kvåle : Bass, keys, additional vocal and guitars
Sture Dingsøyr : Vocals & Guitars
Jørn Holen : Drums
Stian Bakketeig : Guitars
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