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Choisir de lire un livre dont on ne connait rien demande d’être attiré par quelque chose. Dans le cas de « Quand je serai grand, je serai mort », mon envie immédiate d’en savoir plus a reposé sur la prose employée par son auteur quand il nous a contactés pour nous proposer de nous partager son ouvrage. Une langue riche, travaillée, des mots parfaitement choisis et dont on sentait que l’emploi de chacun avait été réfléchi afin de donner au texte précision et fluidité.
J’ai donc reçu cet ouvrage de 200 pages qui se compose de 14 contes, fantastiques, romantiques et morbides, encadrés par un prologue et un épilogue.
Et dès les premières lignes l’enchantement se pose. Une des grandes forces de ce livre, c’est l’écriture de son auteur. La prose est somptueuse, on sent que Nicolas Liau a la passion des mots et qu’il a ciselé chaque phrase avec finesse et raffinement, rendant la lecture presque envoutante. Et cette écriture teintée de poésie sied impeccablement au style de l’ouvrage, qu’elle sert parfaitement.
Un autre grand atout de l’opus est d’être composé de contes courts. Cette concision permet de dégager avec précision la noirceur de chacun sans se perdre dans des détails qui amoindriraient l’impact recherché. Nourrissant un imaginaire grinçant et ténébreux, cette noirceur est omniprésente dans l’ouvrage, même si elle se teinte souvent d’une pointe d’humour (noir, bien sûr).
Si les nouvelles sont toutes très différentes, certaines dégagent plus de force que d’autres, et plusieurs d’entre elles me suivront longtemps. Au fil de l’ouvrage on rencontre une petite fille juchée sur sa balançoire et distrayant de sa présence et de ses chants son ami le pendu. Deux compagnons qui, au fond d’un cimetière, se disputent aux osselets la vertu que leur offre une défunte. Un scieur de bois qui découvre le langage des arbres et se lance à la recherche sa bien aimée perdue. Une joueuse de viole donnant son dernier récital dans un couvent abandonné. Ou encore – mon conte préféré – cette souillon qui dispute à une morte de haut rang un riche linceul pour envelopper son marmot. Il y en a des façons de rencontrer la mort !
Ce livre se lit doucement, conte par conte, pour préserver la particularité de chacun et savourer la dose macabre qu’il distille. Fi ici d’horreur spectaculaire. L’atmosphère de cet univers en apparence pessimiste et désespéré est au contraire subtile, insidieuse. Fascinante.
Prologue – Les Rêveries d’un promeneur
Pour qui croassent les corbeaux ?
Corps et biens
Frau Welt
La Mort dans l’âme
À tous les vents
Lange et linceul
La Complainte des Xylanthropes
Deux pieds dans la tombe
Dernières volontés d’une pucelle
La Corde pour le criminel
L’Automne des songe-creux
Thanaphobos
Le Martyre des cendres
La Gueule des deux Mignonnes
Epilogue – Le Promeneur suicidaire
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