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Me voilà très fière d’avoir reçu il y a peu ce lourd colis, beaucoup plus massif que ce à quoi je m’attendais. J’ai commandé le livre à la hâte, toujours avec l’angoisse que certains me passent sous le nez. Près de 180 références sur le sujet du Metal Extrême et il m’en manque encore une bonne vingtaine sans compter les livres que je ne connais pas. Des références perdues dans le passé, évidemment introuvables maintenant (*appel à l’aide* subliminal).
Cet Analogue Black Terror est devenu la “Masterpiece” de la collection bien évidemment, mais pas seulement de part sa taille et sa présence symbolique bien entendu.
Jean “Valnoir” Simoulin, bien connu de la scène, on ne présentera plus ses travaux teintés de toute la signification qu’a bien voulu prendre le Black Metal pour lui durant des années. Laibach, BAN, Ulver … ce premier et puissant recueil sorti chez Timeless en 2016 (Fire Work With Me), et évidemment la création du studio Metastazis (https://cargocollective.com/metastazis).
L’idée de publier un recueil de démos, de tapes d’époque est l’assemblage de souvenirs de fonds de caves. Des souvenirs cuisants pour beaucoup de personnes, musiciens ou non, qui ont vécu cette même période faste des années 90. Particulièrement le Black Metal car l’auteur est clair sur ce sujet : on n’écoute pas du BM pour se faire peur, on s’en imprègne jusqu’à devenir interdépendant. Le Black Metal a besoin d’Art, de création qui elle même vient se nourrir de Black Metal.
Le livre vient se poser sur la table comme une pierre à la surface douce, rugueuse sur la tranche, on a ce sentiment d’avoir la main sur de l’écorce. La couverture est évidemment superbe, venant relier de manière très esthétique le contenu du livre et tous les personnages qui composent l’Art du Black Metal.
Jean “Valnoir” a décidé, face à cette masse de tapes recueillies, de classer les choses par années de manière chronologique et par groupements idéologiques. La masse des sorties de l’époque est telle qu’un second volume est en cours de création. La taille du livre était indispensable pour y faire rentrer un certain nombre de tapes par pages mais également pour laisser éclater les possibles en matière d’agrandissements, de mise en page, et de la notion d’équilibre pictural qui se dégage de chaque feuillet. Les premiers voyages dans l’Analogue laissent une impression plaisante de foisonnement et de souvenirs, et peu à peu ensuite se détachent le détail, la lecture des textes, et la découverte évidemment de beaucoup de démos dont je n’avais jamais connu l’existence. Pas d’ajout de texte et tant mieux, l’ensemble est si foisonnant que s’il ne parle pas de lui même nul besoin d’aller plus loin.
La seule chose que l’auteur a souhaité, au lieu de céder à une collectionnite irrépressible, est le respect d’une certaine idéologie qui devra garnir l’ensemble du recueil. Le Black Metal représente sans doute une forte nostalgie maintenant pour beaucoup d’entre nous. Ce courant artistique et de pensée est représenté de manière extrêmement juste à travers cet Analogue Black Terror. L’exposition factuelle de ce fourmillement de créations et la mise en valeur des lignes directionnelles du BM (Inversion, Subversion…), chaque lecteur et spectateur se verra picorer ce qui lui plaira de prendre au sein de l’ouvrage. Certains s’émerveilleront sans doute de constater qu’avec du “rien” à une certaine époque on créait “tout”. A l’heure actuelle nous sommes en effet bon nombre à ne plus être à l’affût d’une sortie, à nous lasser de lives redondants et sans clash émotionnel, à chercher toujours une retrouvaille sensitive avec le “vrai” BM, celui qui transforme l’être. Les choses ont changé en effet et je trouve courageux de le montrer avec autant de clarté.
Ce n’est donc pas vraiment un livre si je vais au bout de ma pensée, mais une collection d’émotions, un séjour dans un autre temps, celui qu’on a peut-être touché un peu du regard ou du doigt, celui pour lequel on trouve que le pote qui hurle “c’est de la merde” en concert n’a pas si tort. Ce livre traite de l’Etre à contrario de l’Avoir, il montre en se passant d’une interprétation fade, qui ne ferait de toutes façons que freiner l’Imaginaire.
Je déteste mettre une note sur une “chronique” (d’ailleurs qui suis je pour valider ou invalider une production …), il est tout à fait normal que la note de 10 ne soit qu’une pâle représentation de ce que cet ouvrage représente. C’est un travail fantastique.
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